Reportage "Il n'y avait aucune notion de fête, c'était devenu machinal" : de plus en plus de Français ont déjà consommé de la cocaïne

L'Observatoire français des drogues et des tendances addictives publie mercredi une étude qui pointe la hausse de la consommation de cocaïne en France.
Article rédigé par franceinfo
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De la cocaïne. Image d'illustration. (JONATHAN RAA / NURPHOTO)

Selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), un adulte français sur dix a déjà pris de la cocaïne, et la consommation a été multipliée par dix en 30 ans. L'autre nouveauté mise en exergue par cette étude est qu'il n'existe pas de profil type, les consommateurs sont de tous âges et tous milieux. Les motivations sont aussi plus variées.

Marie, 33 ans, fait partie de ces consommateurs réguliers : "Ça m'arrive dans des contextes festifs, un peu de la manière dont on boit de l'alcool, mais en plus fort. Ça donne de l'énergie, ça stimule, ça donne lieu à des conversations plus poussées parce qu'on est plus grisés, c'est agréable." Elle a commencé à 18 ans, à l'université, et aujourd'hui c'est assez facile pour elle de s'en procurer quand elle le veut : "J'ai des numéros de téléphone, c'est un système de livraison, je contacte la personne, je lui dis ce dont j'ai besoin, et elle vient en général en une heure." Une heure pour se faire livrer un gramme de cocaïne, pour un prix compris entre 60 et 70 euros.

Des professions plus concernées que d'autres

Parfois, la limite est mince entre usage récréatif et professionnel. Rémi, 32 ans aujourd'hui, est tombé dedans quand il travaillait dans un restaurant à Paris il y a quelques années : "À 20h, en plein service, on allait faire un tour en cuisine et c'était parti. Il n'y avait aucune notion de fête, c'était devenu machinal, comme fumer une cigarette." Et ce cercle infernal ne l'a pas rendu plus performant, contrairement aux idées reçues : "Ça ne m'a aidé en rien, je n'avais pas besoin de ça pour être meilleur. Et les redescentes sont souvent très dures, je me revois le dimanche à pleurer toutes les larmes de mon corps, à me dire 'je suis une m***', c'est violent."

Aujourd'hui, Rémi a décroché, même s'il travaille toujours dans la restauration. Horaires décalés, cadences importantes, dans certaines professions, on consomme plus de cocaïne, selon Marie Jauffret-Roustide, sociologue et chercheuse à l'Inserm : "Il y a la restauration, les milieux des marins-pêcheurs, et puis chez les chauffeurs routiers, les professions amenées à travailler la nuit, les professions de santé sont amenées à consommer plus de stimulants. Mais ce sont des tendances très générales, c'est un produit qui peut aujourd’hui concerner l'ensemble des classes sociales."

L'Office français des drogues et des tendances addictives rappelle que la cocaïne provoque une dépendance psychique et expose à de la paranoïa, des comportements à risque ou encore des complications cardio-vasculaires.

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