Les élèves qui arrivent le ventre vide à l'école : "un frein à leur réussite", selon un chef d’établissement
10 000 communes pourraient mettre en place la cantine à un euro dans les prochaines semaines.
La secrétaire d'État auprès de la ministre de la Santé, Christelle Dubos, a annoncé dimanche le lancement des petits-déjeuners gratuits pour les élèves des quartiers défavorisés dans huit académies test à partir du 17 avril, avant leur généralisation en septembre. Radouane M’Hamdi, secrétaire départemental du SNPDEN et chef d’établissement d’un collège REP+ à Sevran en Seine-Saint-Denis, confirme ce lundi 8 avril sur franceinfo que "jusqu’à 25%" des élèves d’une classe peuvent arriver le ventre vide à l’école.
franceinfo : Est-ce que beaucoup d’élèves arrivent le ventre vide à l’école ?
Radouane M’Hamdi : Dans une classe, ça peut faire jusqu’à 25% des élèves qui n’ont rien pris le matin. Souvent il n’y a pas grand-chose à manger le matin et dans la précipitation, les enfants ne prennent rien. Les établissements scolaires, je parle du second degré, organisent dans le cadre du parcours santé des petits-déjeuners. Vous avez des établissements aujourd’hui qui le font déjà grâce à un soutien du département ou de la région, mais qui est ponctuel. Le constat, c’est que pour la durée, il faut beaucoup de moyens en ressources humaines et aussi financiers.
Quels sont les problèmes quand on ne petit-déjeune pas ?
Vous et moi, vers 11h30-12h, si on a commencé la journée vers 7h-7h30, on a un pic de baisse de sucres, on est moins concentrés et les décisions que vous prenez, vous et moi, ne sont pas les mêmes que si on a déjeuné correctement. Donc un enfant est épuisé à 11h30, il n’est plus concentré pour suivre les cours. C’est un frein pour la réussite des élèves.
Combien coûte le repas de midi dans un collège comme le vôtre ?
Pour le département, toutes charges comprises, le repas d’un élève est estimé à 10 euros. Dans le département de la Seine-Saint-Denis, le repas varie [pour les familles] de 33 centimes à 5,50 euros sachant que dans l’éducation prioritaire, 70% des enfants payent moins de 1 euro. Le tarif le plus bas c’est moins de 5 euros par mois. Si vous avez un enfant, ça va. Mais si vous en avez quatre qui sont au lycée, au collège et à l’école primaire, ça commence à facturer. Et donc ça présente un réel frein pour les familles. Il ne faut pas raisonner en fonction d’un enfant. Les familles c’est deux, trois enfants, ça veut dire deux ou trois repas, ça veut dire deux ou trois sorties pédagogiques, etc. Et cumulé, ça pèse dans le budget des familles.
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