Les pensées suicidaires et tentatives de suicide des jeunes adultes en augmentation

Dans son dernier baromètre, publié lundi, Santé publique France indique que les jeunes adultes, âgés de 18 à 24 ans, sont les plus touchés par le suicide.
Article rédigé par franceinfo
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Santé publique France appelle à "renforcer les politiques de prévention", photo d'illustration. (GETTY IMAGES)

Les pensées suicidaires et tentatives de suicide des jeunes adultes sont en augmentation, indique Santé publique France dans son dernier baromètre publié lundi 5 février, et que franceinfo a pu consulter à l'occasion de la Journée nationale de prévention du suicide.

Les jeunes adultes, soit la tranche d'âge 18-24 ans dans cette étude, sont de loin les plus touchés par le suicide, que ce soit par les pensées suicidaires que les sondés ont reconnues, ou bien les tentatives de suicide. Ainsi, selon Santé publique France, si 4,2% des sondés de tout l'échantillon (18-85 ans) disent qu'ils ont eu des pensées suicidaires en 2021, ils sont 7,2% de jeunes adultes (18-24 ans) à reconnaître avoir songé au suicide cette année-là, les femmes (4,8%) étant plus touchées que les hommes (3,5%).

L'impact du Covid-19 sur la santé mentale

Santé publique France met en relief une hausse de ces pensées suicidaires au regard des années précédentes : en 2017, toujours chez les 18-24 ans, 4,6% des sondés confiaient des idées suicidaires, quand en 2020 ils étaient 7,4%. L'épidémie de Covid-19 semble également avoir accéléré les tentatives de suicide chez les 18-24 ans, selon les chiffres fournis par Santé publique France. Ainsi, si en 2017 la part de jeunes adultes qui déclaraient avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie était de 6,1%, en 2020 elle était de 8,9% puis de 10,8% en 2021.

À ce sujet, Santé publique France note un "impact important de l'épidémie de Covid-19 sur la santé mentale de la population" et fait le "constat d'une détérioration plus importante de la santé mentale des plus jeunes à la suite de la pandémie". D'ailleurs, Santé publique France rappelle que l'âge médian de la dernière tentative de suicide est de 24 ans pour les hommes et les femmes. Santé publique France alerte sur "l'augmentation des passages aux urgences pour troubles de l'humeur et gestes suicidaires", citant "les données de recours aux urgences du réseau Oscour", un dispositif de Santé publique France qui existe depuis 2004.

La tendance à la hausse des pensées suicidaires et tentatives de suicide s'observe sur une période plus large que 2017-2021, relève l'organisme public, qui précise que "depuis 2014, les pensées suicidaires ont été multipliées par 2 chez les 18-24 ans".

Renforcer les politiques de prévention

Pour remédier à ce problème sanitaire, et à cette "progression importante du mal-être chez les plus jeunes", Santé publique France appelle à "renforcer les politiques de prévention et à une meilleure compréhension des mécanismes qui affectent la santé mentale des plus jeunes depuis la pandémie de Covid-19".

À ce titre, Santé publique France fait remarquer que parmi les personnes qui ont fait une tentative de suicide, "un peu plus de la moitié seulement dit avoir bénéficié d'un suivi après leur sortie de l'hôpital". Or, poursuit Santé publique France, des dispositifs existent, comme "VigilanS, déployé en France depuis quelques années", et qui met en place une "veille" ainsi que le "maintien du contact post-hospitalier" afin de "réduire le risque de récidive".

Santé publique France pose une limite à son baromètre : les adolescents. Ils n'ont pas été interrogés, alors que "l'enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense (Escapad) menée auprès de tous les jeunes de 17 ans montre une forte hausse des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois (18% des jeunes en 2022, contre 11,4% en 2017)".

Un des taux de suicide les plus élevés d'Europe

Santé publique France écrit que la tendance au suicide est à la "hausse générale depuis 2005", et que les tranches davantage touchées par les gestes et pensées suicidaires sont les personnes sans emploi, qui n'ont pas le baccalauréat, qui vivent seules, dans un cadre monoparental, vulnérables sur le plan socio-économique. Il n'y a pas de différence notable entre les régions métropolitaines et d'outre-mer.

En guise de perspective, Santé publique France rappelle que "la France présente au sein des pays européens un des taux de suicide les plus élevés", 8 666 décès en 2017 d'après les dernières données fournies par le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc). D'après l'Organisation mondiale de la santé, 700 000 personnes se suicident chaque année dans le monde.


*Méthodologie : en 2021, le Baromètre de Santé publique France a interrogé un échantillon aléatoire de 24 514 personnes âgées de 18 à 85 ans résidant en France métropolitaine et 6 519 résidents dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) par collecte assistée par téléphone et informatique (Cati). Les variables d’intérêt de cette étude sont les pensées suicidaires et les tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois, ainsi que les tentatives de suicide au cours de la vie. Les évolutions des prévalences ont été établies sur les 18-75 ans grâce aux baromètres santé 2000, 2005, 2010, 2014, 2017, 2020 et 2021 dont la méthodologie était comparable.

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