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Vidéo "Pour certains, c'est pire ici" : des enfants victimes d'abus sexuels parfois placés plusieurs mois dans le même foyer que leurs agresseurs mineurs

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Pièces à conviction. Abus sexuels entre enfants placés en foyer : "Pour certains, c'est pire ici que dans leur famille" dénonce un éducateur 09 Violences sexuelles.mxf (PIÈCES A CONVICTION / FRANCE 3)
Article rédigé par France 3
France Télévisions

En danger, abandonnés ou maltraités, des mineurs sont parfois placés en foyer. Mais dans le centre d'accueil d'urgence d'Eysines, en Gironde, pour certains, le calvaire a continué, voire empiré : violences, agressions sexuelles entre enfants… "Pièces à conviction" a enquêté. Extrait.

L'Etat a le devoir de protéger les enfants en danger, abandonnés ou maltraités par leurs parents. En France, 341 000 mineurs considérés comme "en danger" bénéficient d'une mesure de protection de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Mais pour certains enfants placés, le calvaire continue… Le Centre départemental de l'enfance et de la famille (CDEF) d'Eysines, en Gironde, a par exemple été le théâtre de situations dramatiques. Mercredi 16 janvier 2019, sur France 3, "Pièces à conviction" proposait une enquête qui brise le silence.

Le foyer d'Eysines a pour mission l'accueil d'urgence de mineurs confiés à la protection de l'enfance, une centaine de jeunes en difficulté sociale ou psychologique. Dans ce centre, selon une éducatrice qui a décidé de témoigner à visage caché, des actes violents se seraient multipliés, sans réponse de la part de la direction.

Victimes et agresseurs dans le même service

"Quelqu'un a appelé l'établissement, en disant qu'une petite fille avait le sexe d'un garçon dans sa bouche, explique-t-elle. Une petite fille de 4 ans… par un garçon de 10 ans." Les enfants sont-ils en danger dans le centre ? "Oui, ils sont en danger." Des mesures ont-elles été prises par la direction du foyer ? Les enfants qui ont commis des agressions sexuelles ont-ils été écartés ? "Non, pas toujours. Il est arrivé que des victimes et des agresseurs restent plusieurs mois dans le même service."

Malgré la gravité des faits, des enfants victimes d'agressions sexuelles resteraient donc au contact de leurs bourreaux au sein du centre. En caméra cachée, le journaliste de "Pièces à conviction" a filmé le témoignage d'une éducatrice du foyer d'Eysines. "Moi, j'ai vécu ici avec un enfant qui s'était fait violer par son voisin. Ils ont vécu quand même ensemble à côté pendant un an. Ça ne dérange personne." Un deuxième éducateur renchérit, citant le cas d'un autre mineur, qui "a bien été avec ses bourreaux pendant un moment".

"Les éducateurs ne s'en sont même pas rendu compte"

Les deux employés évoquent alors divers enfants ayant subi le même type d'agressions et pour qui "c'était pareil" : "Ils étaient avec des gamins plus grands, un peu plus âgés qu'eux, qui leur avaient fait des sévices et qui restaient sur leur groupe. Avec les deux éducateurs qui étaient dans le bureau et qui ne s'en sont même pas rendu compte. Le gamin était en train de se faire sodomiser avec je ne sais pas quoi, du gel douche… Je suis persuadé que pour certains, ils sont plus en danger ici que dans la famille pour laquelle ils ont été placés."

Extrait de "Enfants placés : les sacrifiés de la République", une enquête de "Pièces à conviction" diffusée le 16 janvier 2019, rediffusée le 27 janvier 2021.

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