: Carte "Envoyé spécial" : la crèche, l'école ou le lycée de votre enfant sont-ils construits sur des sols pollués ?
Les pouvoirs publics ont diagnostiqué 1 247 établissements "sensibles", situés sur d'anciens sites industriels. Parmi eux, plus de la moitié comporte un risque potentiel lié à la pollution des sols.
Hydrocarbures, plomb ou solvants chlorés... Voici les polluants que l'on peut retrouver sous plusieurs centaines d'établissements publics accueillant des enfants jusqu'à 17 ans, construits sur d'anciens sites industriels, comme le révèle un classement publié par le ministère de la Transition écologique et solidaire en novembre 2017. Ces données, qui datent de 2015 et qui sont passées relativement inaperçues, sont mises en lumière par l'émission "Envoyé spécial", diffusée jeudi 11 janvier.
Selon les informations recueillies par les journalistes d'"Envoyé spécial", environ 2 000 crèches, écoles, collèges, lycées ou établissements spécialisés ont été identifiés comme "sensibles". Un recensement obtenu en croisant les données de la Base des anciens sites industriels et activités de service (Basias), qui liste les anciens sites industriels, avec le fichier des établissements accueillant des enfants. Il a donné lieu à la réalisation de diagnostics complets dans 1 247 établissements (sur au moins 66 000 au total). Objectif : identifier la nature de la pollution souterraine et évaluer le niveau de risques pour les élèves ou le personnel y travaillant.
>> Regardez le reportage "Nos écoles empoisonnées" dans "Envoyé spécial"
Les polluants peuvent varier en fonction des régions et de leurs industries spécifiques. L'association Robin des bois, qui milite pour la défense de l’environnement, liste trois grandes familles : les polluants métalliques (comme le plomb), les hydrocarbures (tel le benzène), et les solvants chlorés. Les risques pour les enfants exposés (via ingestion ou inhalation) consistent en des "altérations possibles des gènes" ou "des maladies chroniques", alerte Annie Lévy-Mozziconacci, médecin à Marseille, interrogée par "Envoyé spécial".
Cette carte permet de visualiser la répartition des établissements diagnostiqués. Les régions Hauts-de-France, Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur sont particulièrement représentées. Cliquez sur les points pour connaître le niveau de risque de chaque établissement.
- Site sans danger (Catégorie A)
- Site à surveiller (Catégorie B)
- Site à risque (Catégorie C)
Source : ministère de la Transition écologique et solidaire
Plus d'une centaine d'établissements à risque
Les résultats ont été classés en trois catégories (A, B ou C). La première désigne les établissements pour lesquels les sols ne présentent pas de danger spécifique. C'est le cas de 484 crèches, écoles ou lycées testés (soit environ 39%). La catégorie B, rassemblant 662 établissements (53%), concerne les sites dans lesquels les aménagements actuels permettent de protéger les enfants, mais qui doivent être surveillés en cas de modifications. Enfin, la catégorie C regroupe les établissements dans lesquels les diagnostics ont montré la présence d'agents polluants et qui nécessitent la mise en œuvre de mesures techniques ou sanitaires. Dans la liste, 101 établissements (8%) figurent dans cette catégorie.
L'établissement de votre enfant est-il concerné par un diagnostic ? Tapez son nom ou votre ville dans notre moteur de recherche pour le savoir. Attention, la liste n'est pas exhaustive : si votre école n'y figure pas, elle ne fait pas partie des 1 247 établissements analysés.
Les résultats s'avèrent plus inquiétants que prévu, estime Jacky Bonnemains, porte-parole de l'association Robin des bois. "Les pouvoirs publics avaient estimé que seuls 1 à 2% des établissements analysés nécessiteraient la mise en œuvre de mesures techniques" (catégorie C), analyse-t-il auprès de franceinfo.
Pour chaque établissement de cette catégorie, ces mesures techniques ont été identifiées par les pouvoirs publics et transmises à l'ensemble des acteurs (maître d'ouvrage, agences régionales de santé...). Elles sont détaillées dans les synthèses mises en ligne par l'association à l'occasion de la diffusion d'"Envoyé spécial". Par exemple, pour le Collège université de Reims (Marne), il est ainsi recommandé de "restreindre les accès aux zones de sols à nu et de sols enherbés avec des clôtures et/ou barrières" ou de "recouvrir les sols végétalisés par un matériau synthétique".
Par ailleurs, l'association affirme que des diagnostics supplémentaires ont été suspendus "faute de moyens financiers" et "parce que les résultats des premières vagues (...) sont plus inquiétants que prévu". Le nombre d'établissements à tester s'élevait à 2 320, à en croire un document publié en octobre 2014 par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), que les Robins de Bois se sont procurés. Environ un millier d'établissements potentiellement pollués n'ont toujours pas été analysés. A Paris, par exemple, seules les crèches ont été testées.
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