Les fongicides, des produits dangereux pour notre santé ?
A chaque période pluvieuse, Rémy Duméry traque un champignon qui envahit ses champs de blé. Comme de nombreux agriculteurs, il redoute la septoriose, une maladie transmise par un champignon qui peut détruire jusqu’à 40% des récoltes. Pour détruire ces champignons, il utilise une classe particulière de pesticides : les SDHI, inhibiteurs de la succinate déshydrogénase.
Peu connus, ces produits sont autorisés depuis les années 2000. Et ils sont utilisés à grande échelle : sur 70% des surfaces de blé et 80 % d’orge mais aussi pour traiter certaines semences de fruits. Mais leur utilisation fait aujourd’hui débat. Dans une tribune, publiée il y a quelques semaines, des scientifiques dénoncent les effets toxiques de ces fongicides et appellent à suspendre leur utilisation.
Des fongicides à l'origine de cancers ?
En cause, le mode d’action de ces produits. Pierre Rustin est biochimiste à l’Inserm, il est à l’origine de cette alerte. Il explique que les fongicides bloquent l’action d’une enzyme spécifique, la SDH, et ce faisant, ils bloquent le fonctionnement des mitochondries (les usines énergétiques des cellules) et donc la respiration cellulaire des champignons. Mais ce mécanisme de respiration est à l’œuvre chez tous les organismes vivants : chez les champignons que l’on cherche à tuer, les insectes mais aussi les humains.
Or selon les chercheurs, on sait qu’un défaut de fonctionnement de l’enzyme SDH peut être à l’origine d’encéphalopathies sévères mais aussi de formation de tumeurs chez les humains.
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