Lutte contre le sida : "On est sur le bon chemin et il ne faut pas s’arrêter" (chercheur à l’Institut Pasteur)
Le docteur Asier Sáez-Cirión, chercheur à l’Institut Pasteur et président du conseil scientifique et médical du Sidaction qui participe à une conférence à Lyon mercredi 9 octobre pour récolter des fonds pour lutter contre la maladie était l'invité de franceinfo.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé mercredi 9 octobre sur franceinfo que les nouveaux diagnostics de séropositivité avaient baissé de 7% entre 2017 et 2018 en France. Pour Asier Sáez-Cirión, chercheur à l’Institut Pasteur et président du conseil scientifique et médical du Sidaction à propos de la lutte contre le sida, "On est sur le bon chemin et il ne faut pas s’arrêter. On sait que la dernière partie va être la plus être difficile", a-t-il déclaré mercredi sur franceinfo. Il participe à une conférence mercredi 9 octobre à Lyon pour tenter de collecter au moins 14 milliards de dollars pour le Fonds mondial de lutte contre le sida.
franceinfo : Pour tous les chercheurs cet argent est extrêmement concret. Un milliard de plus ou de moins c'est important ?
Docteur Asier Sáez-Cirión : Cet argent est surtout destiné à augmenter les dépistages pour ces trois maladies [sida, paludisme, tuberculose], l’accès au traitement. Un milliard de moins cela implique des millions de personnes qui n’auront pas accès à ces traitements qui sont pourtant vitaux pour eux. Il y a des programmes de dépistages, il y a l’accès à des outils de suivi clinique pour voir si on contrôle bien ces infections et éviter que des résistances apparaissent. C’est aussi faciliter l’accès aux molécules aux personnes qui en ont le plus besoin qui sont souvent stigmatisées.
L’objectif d’éradication en 2030 est-il réaliste ?
Je ne sais pas si l’éradication totale est réaliste. On voit les preuves aujourd’hui : les courbes d’épidémie et d’infections diminuent. On est sur le bon chemin et il ne faut pas s’arrêter. On sait que la dernière partie va être la plus être difficile. En 2030, on peut atteindre des objectifs qui étaient impensables il y a encore 15 ou 20 ans. travers la recherche, on essaye de trouver des raccourcis pour faciliter la dernière étape. Le plus important, c’est de protéger les autres et se protéger soi-même. Cela va permettre un contrôle de l’épidémie progressif. C’est grâce à des outils comme la PrEP ou des nouveaux outils de prévention que l’on peut arriver à atteindre les populations qui en ont le plus besoin. Cela passe par un processus de meilleure compréhension de l’épidémie et des personnes qui en ont besoin. La baisse du nombre de contaminations au VIH montre qu’il y a des choses qu’on pouvait faire. Il y a eu des efforts au niveau international. La France a été pionnière.
Les associations disent qu’il manque des campagnes de prévention. Est-ce votre sentiment ?
Oui je pense que c’est le cas. On a eu un peu tendance à minimiser l’état de l’infection et de l’épidémie. Les gens ignorent que tout le monde n’a pas la même réaction face aux molécules, on ignore qu’il y a encore des gens qui meurent du sida en France et qu’il y a de très jeunes personnes qui peuvent être touchées. Il faut continuer ces campagnes de prévention du VIH et sur la santé sexuelle en générale.
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