Affaire de la Dépakine : la mise en examen de Sanofi pour "homicides involontaires" est une "grande victoire" pour les familles de victimes
Cette mise en examen est "un signal fort" selon l'Apesac, l'association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant.
La mise en examen de Sanofi pour "homicides involontaires" est "une très grande victoire pour les familles de victimes de la Dépakine", indique lundi 3 août le communiqué de l'Apesac (association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant). L'association, qui représente 7 500 victimes, avait appelé les familles à déposer plainte "pour que ces crimes ne restent pas impunis".
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Le laboratoire français avait déjà été mis en examen en février pour "tromperie aggravée" et "blessures involontaires" après le dépôt de 42 plaintes de familles. Il est par ailleurs au cœur d'une vingtaine de procédures au tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Cette mise en examen est "un signal fort de la part du juge qui pointe ainsi l’attitude ignoble de Sanofi à l’égard des victimes", écrit dans un communiqué l'Apesac. "Il faut que ces criminels en col blanc assument leurs responsabilités et fasse preuve de morale, d’éthique pour que ces enfants puissent être soignés. Il est urgent d’indemniser ces enfants pour qu’ils puissent être pris en charge correctement et que je cesse d’aller à des enterrements", poursuit le communiqué diffusé ce lundi.
L'association indique que Sanofi fait également l'objet d'un "cautionnement d’un montant pharaonique" de 8 millions d’euros "car jusqu’à présent Sanofi n’a jamais fait une quelconque démarche d’indemnisation", écrit la présidente de l'Apesac, Marine Martin. Par ailleurs, l'entreprise devra obtenir une garantie bancaire de 80 millions d'euros afin de garantir les droits des victimes. "C'est une somme très importante, assez rare. Cela démontre le fait que les juges d'instruction ont compris la gravité du dossier", affirme à franceinfo Charles Joseph-Oudin, l'avocat de l'Apesac.
Le dossier "n'en est qu'à ses débuts", selon l'avocat des victimes
La mise en examen du laboratoire pour homicides involontaires "est très importante pour les familles, elle permet de rappeler que la Dépakine tue", souligne Charles Joseph-Oudin, avocat de l'Association des parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac). "Ca montre surtout que ce dossier n'en est qu'à ses débuts, et que le laboratoire Sanofi, tristement, s'est engagé dans une guérilla judiciaire déstabilisante pour les familles."
Selon Charles Joseph-Oudin, "il faut que le principal responsable, c’est-à-dire Sanofi, assume sa responsabilité". D'après l'avocat, cette mise en examen est une "grande gravité" pour le laboratoire "qui va devoir affronter un grand procès de la Dépakine". L'avocat des familles de victimes indique qu'aujourd'hui les familles d'environ 80 enfants ou jeunes adolescents se sont constituées partie civile dans le volet pénal de cette affaire. "Nous avons l'objectif de déposer une quarantaine de plaintes supplémentaires d'ici l'automne. Il est important que les familles déposent des dossiers devant la justice pour que, quand un procès se tiendra, le nombre de victimes soit à la hauteur de l'ampleur de ce scandale de santé publique majeur."
Les études estiment qu'entre 15 000 et 30 000 enfants sont nés handicapés, à la suite de la prise du médicament anti-épileptique Dépakine par les mères pendant leurs grossesses.
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