Le fonds d'indemnisation va permettre la prise en charge de "milliers d'enfants" victimes de la Dépakine
Invitée de franceinfo, le 16 novembre, Marine Martin, présidente l'Association d’aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant, s'est réjouie de la création d'un fonds d'indemnisation pour les victimes de la Dépakine.
L’Assemblée nationale a donné son feu vert, le 15 novembre au soir, à la création du fonds d’indemnisation pour les victimes de l’antiépileptique Dépakine. 14 000 femmes ont été exposées à ce médicament, à l’origine de malformations du fœtus et de troubles du comportement chez des enfants lorsqu’il est pris pendant la grossesse. Marine Martin, présidente de l'Association d’aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant (APESAC), s'est réjouie, le 16 novembre, sur franceinfo, de la création de ce fonds qui devrait favoriser une meilleure prise en charge des jeunes victimes.
franceinfo : Que va changer la création de ce fonds ?
Marine Martin : Ils vont pouvoir enfin être pris en charge convenablement car dans 40 % des cas, ils souffrent de troubles autistiques et de troubles du comportement qui engendrent forcement des soins extrêmement coûteux. Le fonds d'indeminisation va permettre à des milliers d'enfants victimes de la Dépakine d'être pris en charge convenablement.
Quand les familles pourront-elles toucher les premières indemnisations ?
On va tout faire et on va travailler avec Marisol Touraine [la ministre de la Santé, ndlr] pour que les décrets d’application sortent le plus vite possible. En tous cas, les familles sont prêtes. Elles ont pu constituer leur dossier et nous sommes prêts à les déposer. On souhaitait que le laboratoire qui est responsable de son produit et du scandale sanitaire soit le premier à payer et non pas l’État. Je pense que dans un premier temps le laboratoire Sanofi va refuser l’indemnisation mais on va y arriver, j’en suis persuadée. On a demandé à ce que toutes les victimes soient indemnisées, depuis la commercialisation de la Dépakine en 1967.
Les médecins ont-ils aussi une responsabilité ?
Ils le savaient depuis le début. Le médicament a toujours été déclaré comme tératogène, c'est-à-dire dangereux pour le fœtus, simplement les informations sont arrivées au fur à mesure des années. Dans les années 80, on connaissait clairement les malformations physiques et dans les années 90, les troubles neuro-comportementaux, l’autisme. Cette littérature scientifique, si moi je la connaissais, ils la connaissaient aussi. C’est dans leur devoir et leur formation de s’informer des données scientifiques. Ils ont leur part de responsabilité.
Vous avez mené une action en justice. Qu'avez-vous découvert ?
Mon dossier est peut-être le dossier le plus avancé dans la procédure civile. Je me suis aperçue que l’experte qui a fini par reconnaître la responsabilité du médicament dans le handicap de mes enfants avait également siégé dans les commissions d’autorisation de mise sur le marché du médicament dans les années 2000. Comment peut-on être juge et partie ? Cela s’appelle des conflits d’intérêts.
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