Sanofi condamné dans l'affaire Dépakine : "Une très grande victoire" dans ce "combat d'une rudesse extraordinaire", salue la lanceuse d'alerte Marine Martin

Le laboratoire Sanofi a été condamné pour "défaut d'information" sur les risques de malformations et de retards de développement chez l'enfant causés par ce médicament antiépileptique prescrit aux femmes enceintes.
Article rédigé par franceinfo
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Marine Martin, présidente de l'association d'Aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac). (NICOLAS PARENT / MAXPPP)

"C'est une très grande victoire. Je suis encore bouleversée et sous le choc", réagit la lanceuse d'alerte Marine Martin, invitée de franceinfo mardi 10 septembre, après sa victoire judiciaire contre Sanofi dans le scandale de la Dépakine. "Douze ans de procédure, c'était monstrueux. C'est un combat d'une rudesse extraordinaire", insiste Marine Martin.

Le laboratoire Sanofi a été condamné lundi par le tribunal de Paris à verser près de 285 000 euros d'indemnités à Marine Martin et ses deux enfants pour "défaut d'information" sur les risques de malformations et de retards de développement chez l'enfant causés par ce médicament antiépileptique prescrit aux femmes enceintes, a révélé le journal Le Monde. Commercialisé depuis 1967, des dizaines de milliers d’enfants sont concernés, selon l'Autorité du médicament.

Cette victoire judiciaire "ouvre la porte à des milliers de victimes", en leur montrant que la prescription de dix ans n'est pas "infranchissable", assure Marine Martin, également responsable de l'association d'Aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac). "C'est aussi une décision courageuse de la part du tribunal de Paris, parce qu'on est face à un big pharma. C'était vraiment David contre Goliath", salue la lanceuse d'alerte.

"C'est une guerre des nerfs"

Marine Martin savoure d'autant plus cette victoire "parce que Sanofi est obligé de payer", alors que le laboratoire ne participe pas au fonds d'indemnisation des victimes géré par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam). "C'est absolument scandaleux." Toutefois, la lanceuse d'alerte reste vigilante et combative : "Bien sûr qu'ils [Sanofi] vont faire appel. C'est une guerre des nerfs. On rentre dans le dur. L'argent que j'ai gagné, il est bloqué. Ils ont les victimes à l'usure. C'est pour ça qu'il important que d'autres victimes me rejoignent dans les procédures judiciaires."

Marine Martin a lancé d'autres procédures, notamment au pénal. Depuis février 2020 Sanofi est poursuivi pour "tromperie aggravée, blessures involontaires et homicide involontaire". "On espère clôturer le dossier. Mais la justice est lente, je ne suis pas sûre qu'on puisse avoir un procès avant 2026." Marine Martin promet "d'être à la barre pour aller chercher les condamnations des personnes qui ont trompé et tué des enfants".

Parmi les victimes de ce médicament, 2 150 à 4 100 souffrent de malformations, et 16 600 à 30 400 de troubles neurodéveloppementaux, selon les autorités sanitaires. Des chiffres sous-estimés pour Marine Martin. Elle rappelle aussi qu'elle a fait reconnaître, "depuis un an" que la Dépakine était "toxique chez l'homme" et s'attend à des premiers dépôts de plainte "dans les mois à venir". "Le scandale n'est pas fini", prévient Marine Martin.

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