Infertilité : une technique inédite permet à une femme d'accoucher de jumeaux
C’est la première naissance au monde obtenue grâce à cette nouvelle technique. A l’hôpital Jean-Verdier AP-HP de Bondy (Seine-Saint-Denis), une femme de 35 ans atteinte de ménopause précoce a accouché de jumeaux grâce à une méthode de préservation de la fertilité : la maturation ovocytaire in vitro (MIV). Les équipes du professeur Michaël Grynberg et du docteur Christophe Sifer, spécialistes de la reproduction à l’hôpital Jean-Verdier AP-HP, sont à l’origine de cette prouesse médicale.
A lire aussi : Troubles de l'ovulation : de la stimulation à la maturation
Des ovocytes maturés au laboratoire pendant 24 à 48 heures
La patiente qu’ils ont suivie souffrait d’une insuffisance ovarienne prématurée d’origine auto-immune. En d’autres termes, cette femme présentait les symptômes d’une ménopause précoce. "Cela sous-tend qu’elle produisait des anticorps qui réagissaient contre ses ovaires et qui détruisaient sa fonction ovarienne" explique le Pr Grynberg dans une vidéo de l’AP-HP.
Cette condition ne lui permettait donc pas de bénéficier d’une aide médicale à la procréation classique : ni stimulation ovarienne par des injections d’hormones induisant la maturation des ovocytes, ni cryopréservation de tissu ovarien n’étaient possibles pour elle.
Les médecins ont donc prélevé ses ovocytes immatures par ponction ovarienne, via le vagin et sous contrôle échographique, sans aucune stimulation ovarienne préalable. Les ovocytes ont ensuite été maturés in vitro, au laboratoire pendant 24 à 48 heures. Certains d’entre eux ont pu atteindre la maturité et ainsi être fécondés.
Les embryons obtenus de cette manière ont ensuite été soumis à une vitrification embryonnaire, c’est-à-dire une congélation accélérée des embryons. Ces derniers ont finalement pu être réimplantés dans l’utérus de la patiente et la grossesse s’est déroulée sans encombre jusqu’à la naissance de jumeaux en parfaite santé en décembre 2018.
"Une réelle alternative" pour préserver la fertilité
"Même si la compétence ovocytaire ou embryonnaire reste moins importante qu’après stimulation ovarienne, nous venons de prouver que la MIV peut constituer une réelle alternative en matière de préservation de la fertilité féminine", se félicite le professeur Grynberg dans un communiqué de l’AP-HP.
Cette technique apporte donc de nouveaux espoirs aux femmes pour lesquelles la stimulation ovarienne n’est pas envisageable, faute de temps, faute de réponse des ovaires ou encore à cause de certaines pathologies hormono-dépendantes telles que le cancer du sein.
D’autres grossesses issues de MIV sont actuellement suivies au centre d’Assitance Médicale à la Procréation (AMP) de l’hôpital Jean-Verdier AP-HP. "Cela confirme l’intérêt majeur de cette technique de MIV, associée à la vitrification ovocytaire ou embryonnaire, pour préserver la fertilité féminine dans certaines indications où aucune autre option n’est envisageable", appuie enfin le Dr Sifer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.