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Naissance posthume en Pologne : comment le bébé a-t-il été maintenu en vie ?

Un bébé, né alors que sa mère était en état de mort cérébrale depuis 55 jours, vient de quitter le service de néonatologie d’un hôpital polonais. La mère a accouché par césarienne à 26 semaines et le nourrisson a passé 3 mois en service de soins intensifs.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Il est né à la fin du 6ème mois de grossesse. Ce petit garçon, qui pèse désormais trois kilos et respire de manière autonome, vient de sortir de l’hôpital universitaire de Wroclaw en Pologne.  Selon Barbara Krolak-Olejnik, chef du département de néonatalogie de l’hôpital interrogée par l’Agence France Presse : "le garçon est né en début d’année, dans la 26ème semaine de grossesse. Il pesait 1000 grammes. Au bout de trois mois de soins, son état de santé correspond à celui d’un prématuré extrême, sans complications ".

La mère placée sous respiration artificielle

La mère de l’enfant, une femme de 41 ans, avait été admise à l’hôpital en état de mort cérébrale, suite à une tumeur du cerveau. Elle était alors enceinte de 18 semaines. "Toute la famille a désiré que l’on tente de préserver l’enfant", a indiqué Mme Krolak-Olejnik .

Selon le professeur Michael Grynberg, gynécologue obstétricien à l’hôpital Jean Verdier de Bondy, en banlieue parisienne : "il est fort probable que la mère était sous respiration artificielle. Dans ce cas, le cœur fonctionne, donc les échanges se font relativement normalement et ils permettent la survie  des organes et leur alimentation en oxygène. Le placenta  va donc jouer son rôle et alimenter le fœtus pour lui permettre  de se développer". " Les paramètres qui ont dû être surveillés chez ce fœtus sont, d’une part, les éventuelles malformations et, d’autre part, la croissance. C’est la croissance qui va permettre de dire  si le bébé est suffisamment alimenté par le placenta, ce qui permet le développement de tous les organes " ajoute-t-il.

D’après Mme Krolak-Olejnik, de l‘hôpital universitaire de Wroclaw : "il est rarissime de réussir à maintenir une grossesse aussi peu avancée, à sa 17ème ou 18ème semaine, pendant si longtemps". Et la chef de service d’ajouter : " c’était une longue bataille de 55 jours. Nous, néonatologues, nous souhaitions que le petit homme devienne le plus grand possible ; mais, un jour, un danger pour sa vie est devenu réel et nous avons opté pour l’accouchement". Le bébé est donc né par césarienne.

Une décision discutable sur le plan éthique

"S’ils ont finalement fait accoucher la mère à 26 semaines c’est sans doute que le développement fœtal n’était pas optimal" précise le Pr Grynberg. Mais, selon lui, "éthiquement,  cela est extrêmement discutable. On ne connaît pas les conséquences d’une telle décision. Cela nécessite une réanimation extrêmement lourde, et, quand les bébés arrivent à survivre à cette réanimation, on ne sait pas si le développement ultérieur du cerveau se fera normalement. . Il faut voir si la scolarité se fait normalement, s’il n’y a pas de troubles  psychiques ou sensitifs qui pourraient apparaître et qui ne sont pas forcément perceptibles sur les 1ers  mois de la vie. Actuellement, nous n’avons pas un recul de 30 ou 40 ans sur ces prématurés extrêmes de 26 semaines. Nous avons des données à une dizaine d’années, pas plus".

Ce qui semble être confirmé par la chef du département de néonatalogie où est né ce petit garçon, puisqu’elle a déclaré que, désormais, « il faut s’armer de patience et attendre de voir comment il va grandir".

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