Cet article date de plus de deux ans.

Scolarisation des enfants handicapés : "Le bonheur de ces enfants, c'est d'être avec les autres", assure la présidente de SOS Autisme

Olivia Cattan, présidente de l’association SOS Autisme, journaliste et maman d’un garçon de 15 ans atteint d’autisme ne comprend pas le sens des propos d'Eric Zemmour qui dénonce "l’obsession de l’inclusion" pour les enfants handicapés.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Olivia Cattan, le 1er octobre 2020, à Courbevoie. (ALAIN JOCARD / AFP)

Olivia Cattan, présidente de l’association SOS Autisme, journaliste et maman d’un garçon de 15 ans atteint d’autisme, a expliqué lundi 17 janvier sur franceinfo que "le bonheur" des enfants en situation de handicap "c’est d’être avec les autres" dans une école normale. Elle est l’autrice de L’école de la discorde, une enquête sur l’intégration des enfants handicapés à l’école publiée en août 2021 aux éditions Max Milo. Elle ne comprend pas le sens des propos du candidat à la présidentielle Eric Zemmour qui dénonce "l’obsession de l’inclusion" pour les enfants handicapés. "Il trahit vraiment le pacte républicain" et "a un mépris total pour nos enfants", dit-elle.

Que vous inspirent les propos d’Éric Zemmour sur "l’obsession de l’inclusion" ?

J'ai été outrée pour plusieurs raisons. Il trahit vraiment le pacte républicain puisque l’école de la République est déjà censée accueillir tous les élèves, quels qu'ils soient, sans aucune distinction. Il veut nous faire une école de la sélection, de la ségrégation. Et puis, il veut faire quoi de ces enfants? Il veut s'en débarrasser, finalement, pour les mettre un peu au ban de la société, comme à une certaine époque, des siècles en arrière, avec des établissements spécialisés, sortes d’hospices où ces enfants n'auraient aucun espoir d'avenir. En tant que parents, ce qu'on espère, c'est que nos enfants aient une autonomie, qu'on arrive à leur faire faire des études ou en tout cas une formation pour qu'ils aient un métier pour partir à la fin tranquille en se disant qu'ils ont quelque chose dans les mains. Aujourd'hui, on veut revenir en arrière et créer des établissements pour ces enfants qui auraient des handicaps lourds.

Quel parcours a eu votre fils ?

Ce monsieur d'abord a un mépris total pour nos enfants. Quand il parle d'eux, il dit "les pauvres", "ils sont dépassés". Alors j'aimerais lui dire déjà qu’on ne dit pas les pauvres pour les personnes en situation de handicap. On n'a pas besoin de son mépris. On n'a pas besoin de sa charité chrétienne. Et puis, ils ne sont pas dépassés puisque beaucoup d'entre eux font des études. Mon fils avait un handicap lourd quand il avait 5 ans. Aujourd'hui, il est en seconde ordinaire, il a eu son brevet avec mention "très bien". On ne lui a pas offert. Il l'a gagné. C'est évolutif le handicap quand il y a une bonne prise en charge, une bonne inclusion, les enfants évoluent.

Qu’avez-vous envie de dire à Eric Zemmour ?

Ce que j'aimerais comprendre, c'est qu'est-ce qu'il propose comme avenir à ces enfants? C'est cela qui me pose question en tant que parent. D'abord, quand il parle des établissements spécialisés, on ne sait pas de quoi il parle. Il est en pleine confusion. Parle-t-il des IME [Institut médico-éducatif], des hôpitaux de jour ? À un moment donné, il dit qu'il faut plus d'accompagnants. Donc, cela voudrait dire qu'il est quand même pour l'inclusion. En tout cas, de certains élèves. Donc, on ne comprend pas ce qu'il dit. On ne sait pas s’il veut revenir sur cette loi de 2005 qui garantit à tous les enfants l'égalité des chances. Je lui ai demandé de répondre à ces questions. J'ai contacté son équipe, mais c'est un mépris total pour les associations, peut être un manque de courage aussi parce qu'il ne maîtrise pas son dossier. Je lui ai demandé qu'il s'explique pour qu'on débatte ensemble, que je comprenne déjà ce qu'il souhaite faire parce que pour l'instant, je ne comprends pas.  Aujourd'hui, le bonheur de ces enfants, c'est d'être avec les autres. Ils leur apportent énormément de choses. Le regard posé aussi sur la différence, c’est aussi très important pour les autres.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.