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Le manque de personnel hospitalier "se traduit par des morts", alerte l'urgentiste Christophe Prudhomme

Le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes observe samedi sur franceinfo "une fuite des personnels de l'hôpital" et "un manque de personnels formés" en France, alors que les urgences de Fougères (Ille-et-Vilaine) ferment pour deux nuits.
Article rédigé par franceinfo
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Christophe Prudhomme, délégué national CGT Santé, à Paris, en mai 2020. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le manque de personnel hospitalier "se traduit par des morts", alerte samedi 22 avril sur franceinfo Christophe Prudhomme, urgentiste au Samu 93, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et délégué national CGT Santé, alors que le Centre hospitalier intercommunal d’Aulnay-sous-bois (Seine-Saint-Denis) fonctionne en mode dégradé le week-end du 22 et 23 avril, faute de personnel. En Ille-et-Vilaine, les urgences de l'hôpital de Fougères sont obligées de fermer pour deux nuits, à cause d'un manque d'effectif.

franceinfo : Quelle est la situation actuelle ?
Christophe Prudhomme : Nous étions déjà dans cette situation en 2019 et rien n'a été fait, au contraire, la situation s'aggrave. Il y a une fuite des personnels de l'hôpital, un manque de personnels formés. La colère des personnels est monstrueuse. Ce manque d'effectifs se traduit par des morts y compris dans l'hôpital où exerçait le ministre de la Santé [François Braun], à Metz. Une jeune fille de 19 ans est décédée par défaut de surveillance. Il y a aussi eu un cas à Grenoble.

"On a un cas dans mon département [Seine-Saint-Denis] d'une personne qui a été renvoyée vendredi soir des urgences et qui a été retrouvée morte samedi matin chez elle. Ce sont les patients qui se surveillent les uns les autres d'un brancard à l'autre."

Christophe Prudhomme, délégué national CGT Santé

sur franceinfo

Emmanuel Macron a promis de "désengorger tous les services d'urgence" d'ici fin 2024. Qu'en pensez-vous ?
Les déclarations du président de la République ont attisé la colère. Affirmer qu'on aura tout réglé en 2024 alors que ça fait des années qu'on lui demande de nous écouter et qu'il ne nous écoute pas. Il faudrait changer radicalement de politique. Comment voulez-vous qu'on ait confiance en monsieur Macron quand son bilan, depuis qu'il est président de la République, c'est 41 000 lits fermés et une augmentation du budget de la Sécurité sociale pour cette année qui n'est pas à hauteur de l'inflation.

>> "S'ils ne viennent pas, on ne peut pas faire tourner le service" : l'indispensable renfort des médecins intérimaires au centre hospitalier de Martigues

Des mesures ont été pérennisées durant l'été 2022, comme le recours à des infirmiers libéraux, la majoration à des heures de nuit. Ce n'est pas une bonne chose ?
Les infirmiers libéraux sont dans la même difficulté que nous. On ne régule pas l'installation des professionnels avec la liberté d'installation. Ils s'installent en cœur de ville et délaissent les banlieues, les zones rurales et les petites villes de province.

Quelle est la solution ?
C'est de recruter et de former en rendant ces métiers attractifs, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Il va falloir mettre de l'argent. On nous a vendu le tout ambulatoire, il ne faut plus que les gens viennent à l'hôpital, on les soigne chez eux. Mais en ville, les médecins généralistes sont de moins en moins nombreux et font de moins en moins de visites à domicile. Les mesures de monsieur Braun, de délestage en appelant le 15 avant de venir aux urgences, mais au moindre doute on envoie un véhicule des pompiers ou une ambulance et les patients arrivent quand même aux urgences. La logique d'Emmanuel Macron c'est que la santé ne relève du secteur marchand. Mais la santé c'est du service public, ça ne relève pas du secteur marchand.

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