Revalorisation des soignants : "On veut être payés à hauteur de nos compétences et responsabilités", lance Thierry Amouroux, du Syndicat national des professionnels infirmiers
"Il y a un vrai problème de salaire. On veut être payé à hauteur de nos compétences et responsabilités", a réagi jeudi 31 août sur franceinfo Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), alors que la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé une série de revalorisations salariales au bénéfice des soignants à l'hôpital, en particulier pour le travail de nuit et le dimanche, d'un coût total de plus d'un milliard d'euros.
"Il y a un vrai problème de salaire", estime Thierry Amouroux. "L'infirmière en France est sous payée par rapport aux autres pays. Si vous allez en Belgique c'est plus 30 %, si vous allez en Suisse, le salaire infirmier est doublé". Il pointe également le problème du nombre de postes vacants. Selon lui, cela s'explique "par rapport à la charge de travail qui est indigne. Les normes internationales, c'est six à huit patients par infirmière. En France, on en est au double".
Le porte-parole du SNPI pointe "une double conséquence". D'un côté, "les infirmières passent leur temps à courir d'un patient à l'autre pour enchaîner des actes de soins sans avoir assez de temps pour prendre en soins correctement les personnes". Et du côté des patients, "cela a une conséquence en termes de mortalité. Toutes les études internationales montrent que moins vous avez d'infirmières au lit des patients, plus le nombre de morts augmente. Donc c'est un vrai souci".
"Chaque jour, on a la vie des patients entre nos mains et on estime qu'on peut être payés correctement et pas simplement avoir une petite aumône par-ci par-là"
Thierry Amouroux, du Syndicat national des professionnels infirmiersà franceinfo
Il estime que les annonces d'Elisabeth Borne ne vont pas "changer fondamentalement" les choses avec "quelques dizaines d'euros de plus". "Le vrai problème" selon lui, ce sont "les conditions infernales" dans lesquelles travaillent les soignants. "Il faut bien comprendre que le cœur de métier infirmier, c'est tout ce qui est écoute, accompagnement, relation d'aide, décodage du discours médical sur le traitement, la pathologie, l'éducation à la santé, l'éducation thérapeutique".
Ces missions, les infirmiers ont "de moins en moins les temps de le faire" parce qu'ils doivent "enchaîner des actes techniques de soins, injections, perfusions, pansements, de les facturer quand on les rentre dans l'ordinateur". "Ce n'est pas ça le cœur de métier", tempête Thierry Amouroux. "Ce n'est pas ça qu'attendent les patients. Ils veulent vraiment être pris en soins et ça, c'est du travail invisible pour l'administration". Il y voit "une perte de sens" du métier.
"C'est terrible, parce que c'est un vrai gâchis social et humain", affirme le porte-parole du SNPI. Il rappelle qu'"une infirmière sur deux abandonne son métier après dix ans d'exercice" et qu'"une partie des étudiants en soins infirmiers abandonnent en cours d'étude alors qu'on est la première profession recherchée par les lycéens sur Parcoursup". "On a un métier formidable, on nous fait travailler dans des conditions tellement indignes en France que ça dégoûte les soignants", ajoute Thierry Amouroux. "Et surtout, ça augmente la mortalité" des patients. "Derrière tout cela, il y a des morts que l'on pourrait éviter".
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