: Témoignage "Comment peut-on bien soigner les patients quand on est au bout du rouleau ?" : cet étudiant infirmier raconte pourquoi il a abandonné
Ils sont de plus en plus nombreux à abandonner. Ils sont 14% des étudiants infirmiers à délaisser leur formation en cours de route, et la plupart le font dès la première année (10% en 2021), selon le bilan d'une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Dress). Le taux d'abandon n'a jamais été aussi élevé, c'est trois fois plus qu'il y a dix ans.
Ces étudiants "décrocheurs" pointent les stages mal encadrés et mal rémunérés. Il s'agit d'une formation "maltraitante" confie Louis, étudiant en deuxième année à Tours. Il a arrêté ses études fin février : "J'étais épuisé, stressé des stages, dégoûtés de ce que je voyais contre moi ou contre les patients. Tout le monde est à bout. Je pensais qu'on allait être bien accueilli, on est la relève, on est les soignants de demain et en fait, on nous en met plein la tête."
Une rémunération "aberrante"
"On nous demande de faire des trucs qu'on n'a jamais vus ou qu'on ne sait pas faire, comme si on devait tout connaître et déjà être infirmier en fait. En plus, on est payé environ 1,50 euro de l'heure", déplore l'ancien étudiant. "Je trouve ça un petit peu aberrant qu'on nous paye si peu. Du coup, je travaille les week-ends et les vacances. Je travaille tout le temps. Franchement, quand j'ai arrêté, j'étais fatigué."
"J'étais épuisé, je n'en pouvais plus. On se demande comment on peut bien soigner les patients quand, nous-même, on est au bout du rouleau. Et moi, je me suis dit, je n'ai pas envie de faire du mal aux patients parce qu'on ne donne pas les conditions pour bien soigner les patients."
Louis, étudiant infirmier décrocheurà franceinfo
Les étudiants et les professionnels infirmiers se mobilisent vendredi avec une journée "Tous en noir" pour réclamer "des solutions concrètes" au gouvernement. Contacté par franceinfo, le cabinet du ministre de la Santé, François Braun, fait savoir sa volonté de "faire évoluer la formation", de refonder, transformer le métier d'infirmier. Des consultations débutent jeudi 11 mai. Une trentaine d'infirmiers seront reçus au ministère.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.