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Hôpital : "Nous sommes dans une situation extrêmement critique, nous ne voyons pas comment nous pouvons nous en sortir", alertent les urgences du CHU de Nice

Julie Contenti, cheffe adjointe du pôle Urgences, responsable du département hospitalo-universitaire de Médecine d’urgence au CHU de Nice, prévient que si des mesures "extrêmement rapides" ne sont pas prises, l'été ne pourra pas se passer dans de "bonnes conditions".

Article rédigé par franceinfo
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Les urgences ont du mettre en place depuis lundi un filtrage pour faire face au nombre de patients et au manque de lits. (ERIC OTTINO / MAXPPP)

"Nous sommes dans une situation extrêmement critique, nous ne voyons pas comment nous pouvons nous en sortir", a alerté mercredi 13 juillet sur franceinfo Julie Contenti, cheffe adjointe du pôle Urgences, responsable du département hospitalo-universitaire de Médecine d’urgence au CHU de Nice.

Les urgences de l'hôpital de Nice ont été contraintes de mettre en place depuis lundi un filtrage pour faire face au nombre de patients et au manque de lits. Le CHU de Nice est confronté à un vague d'absentéisme de personnels soignants, lié à des arrêts de travail ou des contaminations au Covid-19, ce qui aboutit à la fermeture de lits.

franceinfo : Qu'est-ce qui vous a poussé à mettre en place ce filtrage ?

Julie Contenti : En fait, on se retrouve devant une situation qui n'est pas si exceptionnelle que ça. On a un nombre d'entrées quotidien qui est prévisible pour la période estivale. On fait à peu près entre 250 et 300 passages de patients par jour. Le problème, c'est qu'on se confronte à une fermeture de lits qui, elle, est par contre exceptionnelle. Tous les matins, nous avons maintenant depuis lundi entre 45 et 50 patients qui sont en attente, sur nos brancards, d'un lit d'hospitalisation que malheureusement, nous n'avons pas.

Quel est le dispositif mis en place ?

Nous avons mis en place le dispositif depuis lundi après une situation extrêmement tendue dans notre service d'accueil des urgences. Nous ne refusons pas les entrées à l'accueil des urgences, mais nous réorientons au maximum les patients vers les structures d'urgences privées ou publiques du département, afin de nous laisser pouvoir gérer les patients qui sont physiquement présents dans notre service d'urgences et qui sont extrêmement nombreux depuis lundi.

Appelez-vous la population à joindre le 15 avant de passer aux urgences ?

On est tout à fait d'accord. Il faut que les patients puissent nous appeler en premier lieu pour qu'on puisse les orienter au mieux, voire leur donner un conseil médical. De temps en temps, cela suffit et cela leur permet d'attendre la consultation avec leur médecin traitant. Bien entendu, les patients qui ne peuvent pas appeler le 15 peuvent toujours se présenter devant l'accueil des urgences et nous les recevrons. Nous n’avons refusé aucun patient lundi ni la journée d'hier.

C'est l'absentéisme du personnel soignant qui est en cause ?

C'est exactement ça. On a dû fermer un peu plus de 30 lits de médecine post-urgences, qui sont des lits très importants pour nous, à cause d'un absentéisme infirmier majeur qui ne nous permet pas de garder ce capacitaire de lits ouverts aujourd'hui. Vous avez des soignants qui sont épuisés. Ils ont passé 2 ans et demi de Covid dans des conditions extrêmement difficiles. Ils n'en peuvent plus. Ils ne voient pas le bout du tunnel. Quand vous venez travailler tous les jours, avec 50 patients qui sont encore présents à 7 heures du matin, vous vous demandez vraiment pourquoi vous faites encore ce métier-là. Donc, si on ne change pas leurs conditions de travail rapidement, on va encore avoir des arrêts de travail. C'est ce qu'on voit tous les jours, tous les matins. Quand on vient travailler, on a un ou deux arrêts supplémentaires qui sont soit dus à un épuisement professionnel, soit dus à certains soignants qui sont contaminés par le Covid-19.

Vous en appelez au gouvernement ?

Il va falloir qu'on trouve des solutions extrêmement rapides. La solution la plus rapide, ça va être de valoriser le travail de nos personnels paramédicaux. Je parle d'infirmiers, je parle d'assistants de régulation médicale. Le Samu a besoin d'aide. On a besoin de personnes qui sont capables de décrocher le téléphone. Si on ne prend pas des mesures extrêmement rapides, là pour demain ou cette semaine, on n'arrivera pas à passer cet été dans de bonnes conditions. Nous sommes dans une situation extrêmement critique où même nous, soignants, nous ne voyons pas comment nous pouvons nous en sortir.

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