Hôpital public : « On frise la crise sanitaire »
Le Premier ministre et la ministre de la Santé ont révélé hier leur plan d’urgence pour sauver l'hôpital public. Parmi les mesures annoncées figurent un financement supplémentaire d’1,5 milliards d’euros sur 3 ans pour l’hôpital, la reprise par l’Etat d’un tiers de la dette hospitalière et une série de primes pour les soignants. Sophie Crozier, neurologue à la Pitié-Salpétrière et membre du Collectif Inter-Hôpitaux réagit aux propositions du gouvernement.
Investir 1,5 milliards d’euros pour l’hôpital public
Sophie Crozier, Collectif Inter-Hôpitaux : "Injecter 1,5 milliards d’euros, ce n’est pas du tout suffisant. Il faut investir une somme qui correspond aux besoins réels de l’hôpital. 1,5 milliard, ça fait 500 000 euros par an. Ce n’est pas comme que l’on va pouvoir financer une augmentation des salaires. Alors que c’est cela que nous demandons principalement : revaloriser les salaires sinon tout le monde s’en va .
Avec la politique d’austérité menée depuis 10 ans, on a été obligés de se réorganiser, de fermer des lits et de supprimer du personnel. Il y a une pénurie de personnel et un problème d’attractivité dans les hôpitaux. Avec 1,5 milliards, on ne fera rien. Ça ne compense même pas la hausse des dépenses incompressibles de l’hôpital chaque année. Tous les ans, elles augmentent de 4 milliards à cause de l’accroissement et du vieillissement de la population.
Des primes pour certains soignants et le rachat d’un tiers de la dette pour l’état
Sophie Crozier, Collectif Inter-Hôpitaux : "Les primes proposées par le gouvernement ne répondent pas du tout à nos attentes. Les primes ne sont pas du tout pérennes. Ca peut s’arrêter du jour au lendemain. Ca ne répond à rien. En calculant ce que ça représente ça fait à peu près 66 euros par mois en plus pour les personnes concernées. Est-ce vous pensez qu’on va pouvoir garder notre personnel avec cette somme ? Quant à la reprise de la dette c’est très bien. Mais en réalité, c’est la moindre des choses parce que si on est endettés c’est à cause de la politique d’austérité du gouvernement depuis 10 ans.
« L'Etat sera responsable de ce qui va se passer"
Sophie Crozier, Collectif Inter-Hôpitaux : " Dans son discours, le Président a dit très clairement "L'hôpital public est le socle de notre système de santé et nous devons assumer des mesures et un investissement massif et urgent". Je suis tout à fait d’accord avec ça. Mais je ne suis pas sûre que ce soit exactement ce qu’a présenté le Premier ministre et la ministre de la Santé aujourd’hui. Il y a un moment où il faut simplement faire des choix pour savoir si on veut garder un hôpital public de qualité avec des soignants au lit des patients.
Aujourd’hui ce n’est pas possible avec les mesures proposées. On n’est pas dans lutte pour la lutte. Le collectif inter-hôpitaux dont je fais partie est associé à des patients qui nous soutiennent de façon importante parce qu’ils veulent avoir accès à des soins de qualité. Ils sont inquiets. Et à juste titre donc. Il faut en être conscient, on frise la crise sanitaire avec l’hiver qui arrive et les lits pédiatriques qui sont fermés par manque de personnel. L’état sera responsable de ce qui va se passer."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.