Hôpitaux et Ehpad : six milliards d'euros pour augmenter les personnels soignants, "ce n'est qu'un premier geste", "le compte n'y est pas", estime SUD Santé
La somme suffit à peine à remplir la première des revendications à savoir "300 euros net par mois pour tous", souligne le syndicat. L'enveloppe ne concerne pas les médecins.
"Ce n'est qu'un premier geste", "le compte n'y est pas", a réagi jeudi 25 juin sur franceinfo Olivier Youinou, infirmier-anesthésiste et co-secrétaire de SUD Santé à l'AP-HP, sur l'enveloppe de six milliards d'euros proposée par le ministre de la Santé pour revaloriser les salaires des personnels soignants non médecins dans les hôpitaux et Ehpad publics alors qu'un peu plus tôt sur franceinfo Laurent Berger estimait que c'était "un bon point de départ". Les médecins font l'objet d'une négociation à part.
"Ce n'est pas suffisant pour répondre aux trois préalables posés par les hospitaliers" : "revalorisation des salaires de 300 euros", "arrêt de la fermeture de lits" et "embauches", a-t-il expliqué. Olivier Youinou a dénoncé "un problème de méthode". Pour lui, le "Ségur de la santé" est "une vaste fumisterie" donc il va retourner manifester mardi prochain.
franceinfo : Est-ce que le compte y est ?
Olivier Youinou : Non, le compte n'y est pas. C'est le problème de la méthode : Olivier Véran vient avec ce qu'il a réussi à obtenir et qui a été arbitré par le gouvernement. Et il faut qu'on trouve les solutions à nos revendications dans ce qu'il a obtenu. Ce n'est pas comme ça que fonctionne la négociation. Il faut qu'il revoie le Ségur de la santé qui est une vaste fumisterie. On sait pas trop ce qui s'y passe. On avance petit pas à petit pas et les arbitrages se font ailleurs qu'au Ségur. Ce n'est qu'un premier geste et ce n'est pas suffisant du tout pour répondre aux trois préalables posés par les hospitaliers : une revalorisation de salaire de 300 euros pour chacun, l'arrêt des fermetures de lits et la création de lits là où on en a trop fermé, et 100 000 embauches dans l'hôpital public et 200 000 dans les Ehpad. Si j'ajoute tout ça, à l'évidence, les six milliards n'y sont pas.
Vous allez retourner manifester ?
Si on a obtenu cette première enveloppe, j'ose penser que c'est lié à la mobilisation qu'on a eue la semaine dernière. On retournera dans la rue dans les jours qui viennent. On a conscience qu'on est à un carrefour, à une compréhension de la population de nos problèmes à travers la crise économique. Ils ont vu l'engagement qui était le nôtre.
On n'est pas des superhéros comme on a pu être présentés à ce moment-là. On est des salariés qui avons un travail un peu particulier, qui ne comptons pas nos heures, qui sommes engagés et dévoués à la population. Il faut que ce soit reconnu à sa juste valeur.
Olivier Youinou, infirmier-anesthésiste et co-secrétaire de SUD Santé à l'AP-HPà franceinfo
Emmanuel Macron a dit des choses importantes pendant la crise. J'ai du mal à trouver les suites aujourd'hui. Ils ont pris conscience. Les choix qu'ils font ne sont pas encore les bons.
Une augmentation générale des agents de la fonction publique hospitalière est prévue dès le 1er juillet, est-ce déjà une avancée pour vous ?
C'est important d'acter le fait qu'à l'hôpital, quelle que soit notre fonction, on est tous soignants, on participe tous à la prise en charge du patient. Qu'il y ait une revalorisation, une augmentation de salaire sur la base indiciaire pour tous les hospitaliers, qu'ils soient de la filière soignante, de la filière administrative ou de la filière ouvrière, c'était quelque chose qui était important. Maintenant, il faut négocier le niveau d'augmentation. Les hospitaliers réclament 300 euros net par mois pour tous. Si on appliquait ça à la seule fonction publique hospitalière, on aurait quasiment bouffé l'ensemble des six milliards qui sont proposés pour le tout. À l'évidence, il faut revoir ça. La proposition de revoir la reconnaissance de la qualification, de la compétence, des responsabilités, de l'autonomie de nos métiers, c'est aussi quelque chose qui est important. Le monde hospitalier a beaucoup bougé : la démographie médicale fait qu'aujourd'hui, ce que les médecins faisaient avant, est fait par d'autres professionnels de santé.
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