Murs délabrés, cafards, plafonds éventrés... Les patients et soignants de l'hôpital de la Timone déplorent la vétusté des bâtiments
Les patients et les professionnels de santé constatent chaque jour un peu plus le délabrement des bâtiments hospitaliers. Exemple éloquent à Marseille, à l'hôpital de la Timone, dont le principal immeuble est vieux de 45 ans.
La visite de l'hôpital de la Timone, à Marseille, commence par le bâtiment neuf, inauguré il y a six ans. Enfin, neuf... quand il reste encore des portes et quand les ascenseurs ne sont pas cassés. Après huit mois de convulsions, la crise des urgences a contaminé un hôpital public arrivé à saturation. Les personnels de santé sont appelés à manifester, jeudi 14 novembre à Paris, tandis que le gouvernement prépare un "plan de soutien" de la dernière chance.
Des poubelles devant le bloc, des plafonds éventrés, des cafards...
Première surprise : des poubelles à l'entrée du bloc opératoire. Deux conteneurs à déchets se trouvent dans le couloir qui fait le lien entre le bloc et le service de réanimation et où les soignants passent plusieurs fois par jour, explique Olivier Paviot, délégué syndical Force ouvrière.
Du côté de l'ancienne partie de la Timone, construite il y a 45 ans, c'est encore pire. Des murs sont délabrés, les peintures ont l'âge du bâtiment, des plafonds sont éventrés avec des fils électriques qui pendent, certaines fenêtres ne ferment même plus. Dans la salle d'attente, des chaises sont cassées et il n'est pas rare de croiser des cafards. Parfois, de l'eau marron sort même des robinets.
Patients et soignants n'en finissent plus de décrire ce bâtiment vétuste : "On dirait que le bâtiment va s'effondrer", "dans les toilettes le crépi des murs s'effrite", "dans les douches collectives ça pue", "parfois les ascenseurs ne marchent pas, j'y suis restée bloquée plus d'une fois". Du scotch est même utilisé pour fermer une porte : "Je n'ai jamais vu ça", réagit Christiane, une patiente qui préfère en rire.
Un cadavre qui passe devant un enfant de 4 ans
Alain Cozzolino est responsable des brancards de l'hôpital de la Timone. Tous les jours, il part à leur recherche car il en manque par dizaines. Il vient d'en retrouver un, au sous-sol : "Ce n'est pas normal", déplore le responsable des brancards, "comme beaucoup de choses à la Timone", reprend-il.
Le plus marquant, c'est peut-être l'organisation des circuits. Au rez-de-chaussée, on croise les pompes funèbres, avec des patients décédés. Dina et son neveu de quatre ans ont rendez-vous avec le médecin. Un cadavre recouvert d'un drap leur passe sous les yeux : "Il y a des choses qu'on ne doit pas voir. Encore plus quand on est avec un petit", regrette Dina.
Rester à la pointe de la médecine plutôt que rénover le bâtiment
Dire que toute la Timone est en ruine, ce serait mentir. En attendant le feu vert du ministère de la Santé pour un projet de rénovation des hôpitaux de Marseille (360 millions d'euros), certains étages ont quand même été refaits à neuf. "Étant donné l'insalubrité dans laquelle certaines équipes travaillent, on a anticipé les travaux mais à un rythme insuffisant. On part de très très loin", confie le professeur Dominique Rossi, président de la commission médicale de l'AP-HM (l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille).
Nous avons choisi d'investir dans les soins les plus lourds et les équipements de pointe.
Jean-Olivier Arnaud, directeur général de l'AP-HMà franceinfo
L'hôpital de la Timone est en "grande difficulté financière", explique Jean-Olivier Arnaud, le directeur général de l'AP-HM. "Nous arrivons à investir une cinquantaine de millions d'euros par an mais il nous en faudrait pas loin du double", précise-t-il. L'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille a donc dû faire des choix. Aujourd'hui, pour éviter que les murs ne s'effondrent, le directeur général espère que le gouvernement effacera la dette des hôpitaux français dans les prochains jours ou annoncera au moins une rallonge budgétaire.
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