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"On ne peut plus travailler comme ça" : depuis 15 jours, sept salariés de l’hôpital psychiatrique du Rouvray sont en grève de la faim

Les grévistes réclament principalement 52 recrutements d’aides-soignants, a rappelé, mardi sur franceinfo, la cadre de santé au sein de l'hôpital psychiatrique du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Eure), Katia Geslin.

Article rédigé par franceinfo
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L'entrée du centre hospitalier du Rouvray (Eure), le 4 août 2005. (MAXPPP)

"C’est de l’épuisement physique, moral, c’est du burnout." Au sein de l'hôpital psychiatrique du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Eure) le personnel soignant n'en peut plus, comme l'explique Katia Geslin. La cadre de santé au sein de l'établissement situé en banlieue de Rouen est revenue, mardi 5 juin pour franceinfo, sur la situation alors que depuis 15 jours, sept salariés sont en grève de la faim. Les grévistes réclament principalement 52 recrutements d’aides-soignants.

franceinfo : Comment vont vos collègues grévistes de la faim ?

Katia Geslin : Je rappelle que nous sommes au jour 15 de la grève de la faim, ça paraît important quand même de le préciser. Quatre d’entre eux ont malheureusement été évacués par le Smur. Psychologiquement, les autres ont le moral, ils sont vraiment très déterminés.

Quelles sont les conséquences de la sur-occupation pour les patients et les personnels ?

Nous les accueillons extrêmement mal. En arrivant, les patients sont vulnérables, en détresse et nous les accueillons dans des chambres, des placards ou des bureaux, sur des matelas, parfois par terre. Certains patients viennent de leur plein gré et malgré tout, nous les mettons en chambre d’isolement, porte ouverte certes, mais c’est quand même un matelas par terre avec un seau. C’est inadmissible, c’est indigne, on ne peut plus travailler comme ça. On ne peut pas accueillir des adolescents de 10 ou 11 ans en chambres multiples avec des adultes qui ont des troubles mentaux divers. La direction est très au courant de ça.

Ce n’est pas un luxe de demander 52 postes, c’est un investissement.

Katia Geslin

Concernant le personnel, nous devons travailler malgré tout. C’est de l’épuisement physique, moral, c’est du burn-out. Quand vous êtes censés travailler à quatre aides-soignants, que vous n’avez pas l’effectif pour travailler correctement et que vous êtes obligés de travailler à 3 ou à 2, c’est de l’épuisement. C’est aussi source d’angoisse pour les patients, parce que les infirmiers et les aides-soignants ne peuvent plus se tenir disponibles. Cela crée de l’agitation, on n'est plus présents pour eux.

La direction affirme avoir mis en place des mesures en avril contre la sur-occupation, est-ce suffisant ? Où en est le dialogue avec la direction ?

La direction avait prévu d’embaucher cinq contractuels, des postes temporaires, le temps d’aider les personnels à renflouer les unités de soins. C’était cinq temps-pleins, mais c’était sur trois mois. Nous sommes toujours en sur-occupation parce que notre cellule de veille, qui se déclenche une fois un seuil critique d’occupation dépassé, est toujours activée. Des mesures ont été prises, mais ça ne suffit pas. Tout comme la directrice de l’Agence régionale de santé (ARS), nous sommes aussi vraiment très inquiets pour nos collègues. Nous avons déjà rencontré la directrice de l’ARS, nous n’avons absolument pas interrompu le dialogue et nous espérons trouver une solution assez rapide à cette situation. Nous espérons rencontrer du monde, mais notre direction est absente depuis cinq jours maintenant et a retrouvé ses bureaux ce matin [mardi]. Le dialogue, nous ne demandons que ça. Nous demandons 52 postes, cela semble énorme mais nous en avons besoin pour prendre soin des patients. Notre premier souci est de les accueillir dans de bonnes conditions.

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