"On ne trouve personne" : malgré 15 000 postes à pourvoir, les ambulanciers rencontrent de grandes difficultés pour recruter du personnel
La pénurie de professionnels de santé touche aussi les ambulanciers. D'après les principales fédérations du secteur, il manque actuellement un quart des effectifs dans le transport sanitaire. Le rythme de travail et la question des salaires sont souvent des freins à l'embauche.
Il y a urgence à recruter pour les ambulanciers, eux aussi confrontés à de grosses difficultés pour trouver du personnel. Il faut dire que le métier est éprouvant. Quand il travaillent pour le Samu une à deux fois par semaine, Mohamed Dara, gérant d'une société d'ambulances à Drancy, et ses ambulanciers font des journées de 12 heures. Et c'est en partie ce qui refroidit les candidats à l'embauche.
"Moi, ça fait 40 ans que je suis là-dedans, et ça m'a jamais posé de problème", explique-t-il. Aujourd'hui, "les jeunes qui font la formation, ils ne restent pas dans la profession", constate Mohamed Dara, "ils viennent, ils tâtent, ils regardent, et puis ça ne leur convient pas". La question des salaires revient aussi toujours : "ils veulent un salaire très, très haut, et nous, on ne maîtrise pas ça."
Des départs massifs après le Covid
Pourtant, 15 000 postes sont à pourvoir selon les fédérations du secteur, soit deux fois plus que l'année dernière. Face à ces difficultés de recrutement, Mohamed Dara a été obligé de réduire ses effectifs. Il est passé de neuf à trois ambulanciers, et dans son secteur comme dans d'autres, c'est en partie à cause de la crise du Covid.
"Déjà avant le Covid, on avait beaucoup de soucis pour trouver du personnel. Mais après le Covid, ça a été l'hécatombe, on ne trouve personne."
Mohamed Dara, ambulancierà franceinfo
Lui aussi a constaté de nombreux départs avec la crise sanitaire. "Les gens sont partis de la profession. J'ai des employés qui, du jour au lendemain, lorsque le Covid a commencé ont travaillé un jour, deux jours et sont partis vu la situation sur le terrain", raconte l'ambulancier. "Ils ont eu peur, ils ont voulu protéger leur famille, je ne sais pas. Depuis, on galère", poursuit-il. Ce problème est général dans la profession, "tous les collègues, les confrères autour" sont aussi touchés, dit Mohamed. Et de citer des exemples : "Certains ont des véhicules stationnés dans le parc, car ils n'ont pas le personnel pour les faire tourner."
Pour remédier à cette problématique, les fédérations d'ambulanciers ont plusieurs pistes. Elles aimeraient d'abord pouvoir faire tomber la barrière du permis probatoire, pour pouvoir recruter des jeunes dès 18 ans, au lieu d'attendre les 21 ans. Pour attirer du personnel, les employeurs n'échapperont pas non plus à la question des salaires. Actuellement, un ambulancier dans le privé est payé au niveau du SMIC quand il est embauché. Les professionnels expliquent qu'ils n'ont pas de marge, et réclament une rallonge budgétaire de l'assurance-maladie ou une baisse des charges sur les heures de nuit, pour pouvoir augmenter les salaires.
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