Hausse des prix des carburants : "On n'a plus de marge du tout", alertent les ambulanciers
Les ambulanciers privés sont frappés de plein fouet par la hausse des prix des carburants. Ils ne peuvent pas répercuter ces augmentations sur leurs prix et voient donc leur marge fondre comme neige au soleil.
Ces dernières semaines, chaque passage à la pompe est un peu plus douloureux pour Pascal. "On voit tous les jours que ça augmente de centime en centime et ça devient infernal", témoigne cet ambulancier qui exerce depuis 38 ans. "En général, on fait entre un plein et un plein et demi par semaine. Le prix du carburant est en effet très élevé : 1,74 euro en moyenne pour un litre de diesel, plus d'1,80 euro pour du Sans Plomb 95. Et ces prix devraient encore augmenter à cause de la guerre en Ukraine, déclenchée par l'invasion russe du Donbass jeudi 24 février.
Pour certains professionnels, comme les ambulanciers, la facture devient donc de plus en plus salée. "On a une hausse comprise entre 30 et 40% par mois", détaille le patron de Pascal, Stéphane Baude. Son entreprise basée à Sannois (Val-d'Oise), possède cinq ambulances pour 17 salariés.
"Il y a encore un mois et demi ou deux mois, on était aux alentours de 800 euros par mois. Aujourd'hui, je suis à plus de 1300 euros"
Stéphane Baude, gérant d'une entreprise d'ambulances privéesà franceinfo
En France, environ 5 000 entreprises de transport sanitaire gèrent à 100% les déplacements programmés ainsi qu'entre 15 et 20% des urgences. Elles se font rembourser les trajets par l'Assurance maladie mais sur la base d'un forfait qui n'a pas évolué depuis des années. Le prix du carburant est donc la hausse de trop. "À aucun moment, on ne peut réimpacter toutes les augmentations auxquelles nous devons faire face à ce jour sur le patient qu'on va prendre en charge."
La marge de Stéphane Baude s'est donc réduite à peau de chagrin. "On n'a plus de marge du tout. En tant que chefs d'entreprise, on se bat pour la survie. Ce n'est même pas la vie mais la survie de nos entreprises et de nos salaires", assure-t-il. À tel point que des ambulanciers disent parfois non à des voyages qui seront réalisés à perte. "Certains de mes confrères refusent les transports 'hors secteur', comme les grandes distances." Avec des risques pour les patients.
"Étant donné qu'on a tous la même problématique, certains patients ne vont pas en consultation. Or, ce ne sont pas des colis."
Stéphane Baude, gérant d'une entreprise d'ambulances privéesà franceinfo
Selon la Fédération nationale des ambulanciers privés, la situation n'est plus tenable. "La marge nette de l'ambulancier est de l'ordre de 0,5% à 1%. Vous imaginez qu'avec l'augmentation des prix des carburants, vous pouvez rentrer très rapidement dans quelque chose de non rentable", assure Claude Delesse, son président.
Pour lui, la solution vient de l'Assurance maladie, "sauf qu'ils payent mal et sont en train de faire des économies. C'est très bien pour les finances de l'État mais c'est l'assuré qui en subit les conséquences." Parmi les autres solutions évoquées par les ambulanciers, celle d'une détaxation partielle du carburant, comme en bénéficient aujourd'hui les taxis.
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