Santé : un Francilien sur trois a déjà renoncé à se soigner pour des raisons financières
Un Francilien sur trois a déjà renoncé à se soigner pour des raisons financières et plus de la moitié peine à accéder à un médecin généraliste, détaille l’ARS (Agence régionale de santé) dans son baromètre publié jeudi 5 décembre, consulté en exclusivité par France Bleu Paris. Selon son étude sur "Les Franciliennes et Franciliens et leur santé", 34%, a déjà renoncé à se soigner face aux coûts de certaines consultations et de certains actes.
Si 74% des Franciliens se disent satisfaits de la prise en charge de leur santé dans la région, il y a beaucoup de disparités selon les départements. L'étude relève ainsi une bonne nouvelle concernant l’offre de soins. "Les Franciliens se disent satisfaits de l’hôpital et notamment de l’accueil aux urgences, c’est une surprise pour nous", annonce Denis Robin, le directeur général de l'agence régionale de santé d'Île-de-France, invité de France Bleu Paris jeudi matin. Sept Franciliens sur 10 disent en effet qu’ils accèdent facilement aux services d’urgences. Mais "il existe néanmoins des différences très fortes entre les différents départements : 79% des habitants des Hauts-de-Seine disent accéder facilement aux urgences, comme 75% des Parisiens, contre uniquement 60% des habitants de la Seine-et-Marne", relève le baromètre de l'ARS.
Des disparités géographiques sur l'accès à un généraliste
Les Franciliens sont aussi "plus réservés sur la médecine de ville parce qu’ils ont le sentiment qu’il devient de plus en plus difficile d’avoir accès à un médecin", explique Denis Robin. L'agence régionale de santé Île-de-France montre en effet que les habitants de grande couronne rencontrent plus de difficultés pour voir un médecin. "Il y a des différences territoriales importantes entre Paris, la petite couronne et la grande couronne", reconnaît le directeur général de l'ARS. 54% des Franciliens rencontrent des difficultés pour accéder à un médecin généraliste, un chiffre au-dessus de la moyenne nationale (43%). Et ce sont les habitants de l'Essonne (66%) et de Seine-et-Marne (67%) qui sont les plus touchés. Idem pour l’accès aux urgences. À l’inverse, 43% des Parisiens et 46% des habitants des Hauts-de-Seine rencontrent des difficultés. Dans ces deux départements, plus de 80% des sondés se déclarent satisfaits de la prise en charge de leur santé. L’accès aux médecins spécialistes est également difficile pour 68% des Franciliens. Ce chiffre est proche de la moyenne nationale (67%). "Dans la grande couronne, les Franciliens nous disent qu’il est difficile d’avoir accès à un médecin traitant, et encore plus à un spécialiste", poursuit le directeur général de l'ARS. Résultat, près d'un Francilien sur deux a déjà eu recours à la téléconsultation. Dans la majorité des cas, il s'agissait alors du premier créneau disponible pour rencontrer un professionnel.
L’ARS consacre "43 à 45 millions d’euros" tous les ans pour attirer et fidéliser les médecins. Cela concerne des "primes à l’installation", l’incitation "pour des internes à aller dans des endroits où ils n’iraient pas spontanément", ou des "aides au logement" pour les soignants. "On progresse plutôt bien mais nous gérons une période de pénurie de médecins au niveau national, issue d’une décision très ancienne", rappelle Denis Robin, qui ne prévoit pas d'amélioration avant au moins quatre ans. À partir de "2028, 2030, nous verrons un effet sur la présence médicale", prévoit-il. Mais "les premières arrivées importantes d’internes et de jeunes médecins vont d’abord coïncider avec des départs massifs à la retraite, parce que nos médecins vieillissent en Île-de-France", conclut Denis Robin.
Méthodologie : Enquête réalisée par internet du 30 octobre au 13 novembre 2024. Échantillon de 3 000 habitants d’Île-de-France représentatif de la population francilienne âgée de 18 ans et plus.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.