Soins palliatifs : dans le Cher, toujours sans unité spécialisée, l'hôpital de Bourges espère en ouvrir une au plus tard cet automne
Renforcer l'offre de soins palliatifs en France est considéré par le gouvernement, comme par les soignants, comme un préalable indispensable à l'introduction d'une aide à mourir en France. Pour cela, Emmanuel Macron a d'ores et déjà promis que dans cette stratégie figurerait la création d'une unité de soins palliatifs dans chacun des 20 départements qui n'en disposent toujours pas.
C'est le cas du Cher. À l'hôpital de Bourges, pour pallier ce manque, 18 lits dédiés aux soins palliatifs sont répartis dans plusieurs services, explique le Dr Anne-Claire Courau : "Dans le service d'oncologie, trois lits sont dédiés aux soins palliatifs. Il y en a d'autres au premier étage, au deuxième étage à l'autre bout de l'hôpital, et même dans une autre antenne de l'hôpital, sur un autre site."
Créer une unité de soins palliatifs permettrait déjà de regrouper une partie de ces lits. Cela permettrait aussi d'avoir davantage de soignants au chevet des malades, qui sont parfois en fin de vie et nécessitent plus d'écoute et de soins lourds. Le Dr Courau rappelle que "dans un service classique de médecine aiguë, on est en général autour d'une infirmière pour 15 patients le jour. Dans une unité de soins palliatifs, c'est une infirmière pour six ou sept patients le jour, donc quasiment le double que dans un service standard."
"Éviter que la douleur s'installe"
Les soins palliatifs, les soins contre la douleur, sont essentiels, témoigne Françoise, hospitalisée pour un cancer qui la fait énormément souffrir : "Les infirmières me tirent un petit peu les oreilles, parce que j'attends trop avant de dire que j'ai mal. En fait, ici on vous apprend à dire rapidement que vous avez mal, pour éviter que la douleur s'installe."
Dans une unité de soins palliatifs, les soignants ont l'autorisation de délivrer plus facilement certains médicaments antidouleurs très forts, explique Véronica Rigondet, elle aussi médecin spécialisée en soins palliatifs. "Il existe des opioïdes, un peu comme la morphine mais plus puissants, qu'on ne peut pas utiliser dans un service lambda de l'hôpital et qui sont limités aux unités de soins palliatifs. Un médicament comme la kétamine peut être introduit dans cette unité, puis prolongé au domicile ou dans un autre service."
La direction de l'hôpital espère pouvoir ouvrir une unité de soins palliatifs à l'automne au plus tard, qui pourrait accueillir aussi des patients dits "complexes" (souffrant de la maladie de Charcot par exemple) ou nécessitant une trachéotomie. Aujourd'hui ils sont obligés d'être pris en charge dans les départements alentour. Plusieurs soignants se sont déjà portés volontaires pour travailler dans la future unité de soins palliatifs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.