Un "plan d'action" pour la pédiatrie : "Donner des sous, tant mieux, mais ce qu'il faut c'est des lits et du personnel"
La pédiatrie est en crise et manque de bras alors que l'épidémie de bronchiolite commence plus tôt que les années précédentes. Pour y répondre, le gouvernement a lancé ce dimanche 23 octobre un "plan d'action immédiat" et débloqué 150 millions d'euros. Insuffisant regrette le personnel soignant.
Philippe Babe est à la tête des urgences pédiatriques à l'hôpital de Nice. Un service où, tous les jours, dix lits sont fermés, faute de personnel. "Je me suis transformé en 'ressources humaines'. Je passe mon temps à essayer de recruter des médecins pour combler les départs", souffle le professionnel de santé, alors que le gouvernement vient d'annoncer ce dimanche 23 octobre un "plan d'action", assorti d'un plan blanc pour répondre à la saturation des services pédiatriques.
"On se retrouve avec une situation qu'on ne connaissait pas il y a encore cinq ans. Notre mission, on n'arrive plus aujourd'hui à l'assumer de manière complète", se désole Philippe Babe. Il n'a pas assez de médecin, ni de personnel paramédical pour s'occuper d'un nombre de patient qui a doublé en dix ans. Et il s'attend au pire, si la situation perdure. "Je crains qu'on ait quelques week-ends et en particulier pendant les vacances scolaires de Noël où on sera obligé de fonctionner en mode dégradé et limiter l'accès direct aux urgences. Le système de soin n'est plus adapté aux besoins de la population."
"On fait sortir un peu vite les enfants hospitalisés. C'est de la débrouille, mais de la débrouille dangereuse"
Emmanuel Cixous, pédiatre au centre hospitalier de Seclinà franceinfo
En attendant, le service s'adapte et se retrouve obligé d'annuler certains rendez-vous, de transférer des patients ailleurs où de les faire dormir sur des brancards aux urgences, faute de lit disponibles. Nice n'est pas un cas exceptionnel, la situation est similaire au centre hospitalier de Seclin, près de Lille. "C'est très stressant, on voit des enfants qui sont limites, on est tout le temps plein. Quand on arrive à avoir une place de libre, on est content", décrit l'un des pédiatres, Emmanuel Cixous.
Ouverture de lits et création de postes
Les deux médecins demandent des actes forts de la part du gouvernement. Revaloriser les salaires et repenser le système de soin. Le problème ne sera pas réglé avec une enveloppe et des "plans blancs", selon Jean-Louis Chabernaud, vice-président du syndicat national des pédiatres en établissements hospitalier, et pédiatre à Paris : "Si vous voulez donner des sous, tant mieux mais ce qu'il faudrait c'est une création d'urgence de lits pour une période jusqu'à un peu près fin décembre. Et il faut augmenter les personnels, tout bonnement !"
Et la situation n'est pas meilleure chez les pédiatres libéraux, débordés eux-aussi. Le secteur a appelé les parents à ne se déplacer à l'hôpital qu'en cas de besoin urgent.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.