Urgences : le dispositif "hôpital sous tension" en vigueur dans près de 100 établissements
En date du 16 mars, le ministère de la Santé reconnaît que 97 établissements sur 650 – publics ou privés – sont actuellement en dispositif "hôpital sous tension".
Cela signifie que ces sites font face à "une situation critique de prise en charge des urgences hospitalières", avec une veille quotidienne afin de décider de la pertinence de déclencher un "plan blanc" – propre à chaque établissement, qui implique généralement la déprogrammation d’activités jugées non-prioritaires.
Des services d’urgences saturés
La situation dans de nombreux services d’urgences est particulièrement préoccupante. Une récente série de décès dans plusieurs hôpitaux a jeté une lumière crue sur la saturation de ces services, et ses conséquences parfois dramatiques.
Ainsi, en février, aux urgences de l’hôpital Édouard-Herriot de Lyon, l’otite d’une patiente avait été jugée bénigne. Dix jours plus tard, un abcès cérébral entraînait son décès. Les personnels de ce service étaient alors en grève pour protester contre leurs conditions de travail et le manque de moyens.
Le 6 mars, une femme de 73 ans est décédée d'un arrêt cardiaque sur un brancard, dans un couloir du CHU de Reims, sans avoir été examiné par un médecin après de deux heures et demi d'attente. L'histoire, médiatisée, a conduit le procureur à ouvrir une enquête. Pour sa défense, la direction de l'établissement a mis en avant "l'intensité de l'activité" le jour du drame et précisé que quatre patients en situation d'urgence vitale avaient été soignés en priorité.
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Des faits analogues faits se sont déroulés à Rennes lundi 12 mars : une femme de 60 ans, admise aux urgences de l'hôpital Pontchaillou pour des douleurs au ventre, a fait un arrêt cardiaque sur le brancard où elle attendait d'être auscultée. Là encore, après quelques articles de presse, le parquet a ouvert une enquête. Le directeur des soins de l'hôpital a expliqué à l'AFP que l'événement s'était produit "dans une période de tension très forte", avec "près de 100 patients présents sur le plateau des urgences et 27 à l'accueil, en attente de prise en charge".
Une situation devenue presque banale dans ce service qui enregistre "10% d'augmentation d'activité continue depuis septembre et de plus en plus de pics d'activité" impossibles à prévoir, ajoute-t-il.
Depuis le début de l’année, 15.000 patients ont dormi sur un brancard
Selon l'association Samu-Urgences de France, "plus de 15.000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences" depuis le début de l'année "faute de lit pour les hospitaliser dans un service".
"Ça va mal de partout", résume Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui réclame "plus de personnels et plus de lits" car le nombre de passages aux urgences ne cesse d'augmenter: plus de 20 millions en 2016, contre 18 millions en 2011 et 14 millions en 2002.
Pourtant, dans certains hôpitaux, l'ouverture des urgences 24 heures sur 24 est remise en cause, comme à Clamecy (Nièvre), Avallon ou Tonnerre (Yonne). Cette politique de fermeture "aggrave la situation", déplore M. Prudhomme.
Les soignants eux-mêmes paient les conséquences de cette ambiance délétère. A Besançon, une médecin a tenté de se suicider début mars aux urgences de l'hôpital Jean Minjoz. Et d'après le porte-parole de l'Amuf, "ce n'est pas le premier cas".
avec AFP
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