À vrai dire. Que contiennent vraiment les cosmétiques bio ?
Le marché des cosmétiques bio ne cesse de progresser. En France, ces produits s'adjugent 10% de ventes supplémentaires chaque année. Difficile pourtant de s'y retrouver dans la jungle des labels et autres normes. D'autant que ces shampoings, crèmes hydratantes ou gels douche contiennent aussi, parfois, des ingrédients controversés.
Prenez un tube de dentifrice se présentant comme bio, d'une marque bien connue. Retournez-le. Vous verrez écrit : "10% du total des ingrédients sont issus de l'agriculture biologique". Seulement 10% suffiraient pour obtenir le label bio ? Le reste des ingrédients ne sont-ils que des produits de synthèse ? Pas forcément.
Comment est déterminée la notion de "bio" ?
Il n'existe aucune loi en France concernant les cosmétiques bio.
Une norme a été instaurée au niveau européen l'an dernier (la norme ISO 16128) mais elle est peu suivie, peu restrictive et n'impose que peu de contraintes aux fabricants.
En réalité, c'est vers des labels privés qu'il faut se tourner : ils s'appellent Nature et Progrès, Cosmébio, BDIH ou Natrue. En France, l'un de ces labels doit se retrouver sur l'emballage de tout produit cosmétique qui se revendique comme biologique. C'est en tout cas la recommandation d'un organisme appelé l'ARPP (Agence de Régulation Professionnelle de la Publicité). Une simple recommandation, sans obligation.
Par aileurs, chacun de ces labels impose ses propres critères. Aucun n'oblige les fabricants à mettre 100% d'ingrédients bio dans la composition de leur produit.
L'un des labels les plus répandus en France s'appelle Cosmébio. Il est présent sur 10 000 produits différents.
Il se base sur un référentiel (appelé Cosmos) qui exige au minimum 20% d'ingrédients biologiques et 95% d'ingrédients naturels. Cela veut donc dire que des produits de synthèse -chimiques- sont quand même autorisés dans les gels douche ou les dentifrices portant ces labels.
Pourquoi pas 100% d'ingrédients bio ?
Pour comprendre, il faut décomposer le contenu d'un produit cosmétique :
- il renferme de l'eau, beaucoup d'eau, jusqu'à 80% parfois dans les shampoings.
- il contient aussi des ingrédients minéraux, qui parfois subissent des transformations chimiques.
Ces deux premiers composants sont naturels mais ne peuvent pas être bio car ils n'ont pas été cultivés.
- les ingrédients végétaux sont les seuls concernés par le bio. Ils doivent l'être à 95% dans le cas du label Cosmébio.
- le reste : des ingrédients de synthèse ; des conservateurs, par exemple. Des produits issus de la pétrochimie qui ne peuvent pas être trouvés dans la nature, comme le confirme Laurence Coiffard, chercheuse en cosmétologie :
"Les détergents -la partie des ingrédients qui servent à laver le cheveu, dans un shampoing par exemple-, ce sont forcément des ingrédients synthétiques. Dans la nature, il n'y a pas d'ingrédients qui sont susceptibles -à part les saponines par exemple, qu'on trouve dans des végétaux comme le bois de Panama- ; Mais à part ça, tous les détergents sont synthétiques."
Voilà donc pourquoi un dentifrice bio peut contenir seulement 10% ou 20% d'ingrédients bio.
Les cosmétiques bio sont-ils meilleurs pour la santé ?
A priori, oui car les cahiers des charges des différents labels interdisent un certain nombre de produits parmi les plus controversés : comme les parabens, des conservateurs connus comme des perturbateurs endocriniens. La liste des produits de synthèse autorisés est plutôt restrictive.
Néanmoins la garantie n'est pas totale. Ces labels bio autorisent quand même d'autres produits présentés comme d'origine naturelle mais transformés chimiquement. C'est le cas par exemple du Sodium Lauryl Sulfate.
Cet ingrédient apporte son pouvoir moussant dans les produits d'hygiène. Or, le Sodium Lauryl Sulfate est connu par les chercheurs comme hautement irritant. On le trouve pourtant dans le fameux dentifrice bio que nous évoquions en début d'article, mais aussi de nombreux gels douche ou shampoings biologiques.
Autre produit contesté : le dioxyde de titane sous forme de nanoparticules. Il est soupçonné par plusieurs études d'être un possible perturbateur endocrinien. Il est pourtant autorisé dans certaines crèmes solaires bio. Là encore, faute d'alternative, selon les labels.
Deux choses à retenir :
- les produits présentés comme bio et naturels peuvent quand même contenir des ingrédients de synthèse et certains composants controversés ;
- ceux qui affichent un label sont malgré tout constitués d'ingrédients mieux sélectionnés et surtout -en général- respectueux de l'environnement.
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