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L'UFC-Que Choisir dénonce "la scandaleuse rente des audioprothésistes"

L'association de défense des consommateurs accuse les vendeurs de surfacturer les équipements auditifs, empêchant des millions de français d'y accéder.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dans une étude menée sur le marché des audioprothèses, l'UFC-Que Choisir s'en prend au "lobby" des audioprothésistes, responsable selon l'association de la flambée des prix dans ce secteur. (KLH49 / E+ / )

C'est un coup de pied dans la fourmilière du monde des audioprothèses que l'UFC-Que Choisir a décidé de donner, lundi 28 septembre. L'association de défense des consommateurs pointe du doigt la profession d'audioprothésiste, accusée d'entretenir un système leur permettant de surfacturer les équipements auditifs pour s'assurer de plus larges revenus. Une manœuvre organisée au détriment de la santé de centaines de milliers de Français. 

De confortables marges

Pour appuyer sa démonstration, l'UFC-Que Choisir met en avant dans son étude (PDF) des chiffres obtenus auprès de mutuelles et de fabricants. L'association avance ainsi que pour un coup moyen de fabrication de 311 euros en moyenne, une prothèse auditive est vendue 327 euros par le grossiste à un audioprothésiste. Ce dernier proposerait alors ce même équipement au prix de 1 550 euros, soit un prix multiplié par 4,5, correspondant à une marge brute de 78%. Une fois les charges et les frais déduits, la marge de l'audioprothésiste serait comprise entre 15% et 18%, soit un résultat très confortable si on le compare aux 10% des opticiens sur les ventes de lunettes.

 

Si les vendeurs de prothèses parviennent à imposer ces tarifs, c'est avant tout à cause de la pénurie de professionnels en France, estime l'UFC-Que Choisir. Or, cette pénurie serait elle-même entretenue par un lobbying des audioprothéistes pour que le numerus clausus de la profession n'évolue pas. "Comment admettre que le ministère de la Santé puisse plus longtemps faire le choix de préserver la rente économique des 3 100 audioprothésistes plutôt que de résorber le non-équipement de 2,1 millions de malentendants ?", s'étonne l'association, qui avance que 58% des 6 millions de Français touchées par des problèmes d'audition reculeraient à s'équiper face au coût des équipements.

Des fabriquants trop influents

Pour expliquer le côté opaque de cette surtarification, l'organisme de défense du consommateur dénonce, par ailleurs, les ventes couplant appareil et prestations futures (entretien, réparations,etc.). La loi Macron a mis fin à ce type de couplage obligatoire, mais le remboursement de l'assurance-maladie "continue à lier matériel et suivi" regrette l'association.

Autre angle d'attaque choisi par UFC-Que Choisir, la trop grande importance des industriels du secteur. En prenant directement le contrôle des points de vente, ou en octroyant des prêts aux vendeurs, ils parviendraient à obtenir des audioprothésistes de mettre en avant leurs produits auprès de leurs clients. "Dans ces conditions, les consommateurs peuvent-ils être sûrs que les produits recommandés sont les plus adaptés à leur audition, et garants du meilleur rapport qualité-prix ?", s'interroge l'association qui pousse le ministère de la Santé à œuvrer contre le manque de transparence des liens entre fabriquants et revendeurs.

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