Les recherches de Jean-Claude Chermann autour d'un vaccin anti-sida ont été mises en cause par ses ex-associés suisses
Le codécouvreur du virus du sida - avec les Nobel de médecine français Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier - les a accusés de vouloir s'approprier ses recherches.
Début juin, il a été mis à la retraite d'office et un huissier, avec des policiers, a mis des scellés sur son laboratoire d'Aubagne, près de Marseille, lui en interdisant l'entrée.
"M.Chermann ne peut décemment soutenir qu'il n'y a rien à redire sur ses recherches. Il est scandaleux de le voir se poser en victime d'une société prétendument avide de gros sous et prête à dépouiller la France de ses travaux de recherche", a déclaré le 2 juillet Georges Muller, président du conseil d'administration d'Urrma AG, maison-mère du laboratoire de M.Chermann à Aubagne, en réponse aux accusations du chercheur. Selon lui, des expertises ont révélé en décembre et en janvier que l'approche scientifique préconisée par M.Chermann pour mettre au point un vaccin, via l'anticorps unique R7V, n'était pas la bonne et que son projet de recherche et développement devait être abandonné.
"De plus, certains résultats scientifiques négatifs ont été sciemment écartés dans le centre de recherche d'Aubagne" et les publications faites à l'initiative de M.Chermann ont été trompeuses en omettant des données de nature à infirmer leurs affirmations, a ajouté un communiqué d'Urrma AG.
Le chercheur, qui a dénoncé la même semaine, une tentative de spoliation de la part de ses associés suisses, travaille depuis plus de 20 ans à la recherche d'un vaccin contre le sida. Il avait créé en 2001 la société Urrma R&D, pour faire de la recherche sur un brevet qu'il avait déposé, a-t-il raconté à l'AFP. En 2005, des investisseurs suisses investissaient dans sa société, décidant, avec son accord, de créer une maison mère à Bâle, Urrma AG.
Selon le chercheur, "on a très bien travaillé ensemble jusqu'en novembre 2009", date à laquelle, lors d'un conseil d'administration, il a été accusé de fraude scientifique. Explication de Jean-Claude Chermann: "Comme ils ont constaté que j'étais inattaquable sur le plan de la science, ils m'ont accusé d'abus de biens sociaux". Et d'ajouter qu'Urrma AG lui avait coupé les vivres en janvier.
"On veut me spolier, et la France aussi car j'ai un contrat de licence avec l'Inserm" (Institut national de la santé et de la recherche médicale), a-t-il encore déclaré.
Une plainte, notamment pour abus de confiance et escroquerie, a été déposée mi-juin par ses avocats auprès du parquet de Marseille et "une enquête va être ouverte", a indiqué le procureur de la République de cette ville, Jacques Dallest.
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