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Levothyrox : la mise en examen de Merck est "un satisfecit" mais pas "une victoire", réagit l'avocat de plaignants Christophe Lèguevaques

Christophe Lèguevaques assure avoir de "nombreux éléments qui démontrent le comportement frauduleux" du laboratoire. Il espère un procès "dans pas trop longtemps". 

Article rédigé par franceinfo
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Christophe Leguevaques au tribunal de Lyon, le 25 juin 2020.  (JEFF PACHOUD / AFP)

La mise en examen de Merck pour "tromperie aggravée" dans le dossier du Levothyrox est un "satisfecit" mais non "une victoire", réagit mercredi 19 octobre sur franceinfo Maître Christophe Lèguevaques, avocat de milliers de plaignants. Le laboratoire a annoncé mercredi sa propre mise en examen dans le volet pénal dans le dossier du changement de formule du médicament contre les troubles de la thyroïde, Levothyrox. L'enquête ouverte en 2018 porte également sur des soupçons d'homicide et de blessures involontaires. Le président de Merck France, Thierry Hulot, a été entendu ce mardi par la juge d'instruction du pôle santé du tribunal judiciaire de Marseille. La mise en examen de Merck a été prononcée à l'issue de cette audition. "Nous avons des éléments scientifiques qui permettent de montrer que Merck a trompé les malades", assure Me Christophe Lèguevaques.

franceinfo : Quelle est votre réaction après la mise en examen de Merck pour "tromperie aggravée" ?

Christophe Lèguevaques : Pendant la période de 2017, les malades ont été traitées d'affabulatrices par de grands professeurs. J'espère qu'ils vont revoir leur version. Parce que nous avons des éléments scientifiques qui permettent de montrer que Merck a trompé les malades, les médecins et peut-être même l'ANSM [Agence du médicament] en communiquant des données qui n'étaient pas falsifiées, mais qui étaient présentées de telle façon qu'elles disent le contraire de ce qu'elles indiquaient.

Merck souligne que cette mise en examen ne concerne en aucun cas la qualité de la nouvelle formule du Levothyrox et affirme qu'il n'y a "aucune infraction pénale". Que pensez-vous de ces mots ?

Merck bénéficie de la présomption d'innocence pour le moment. Mais nous avons réuni un certain nombre d'éléments qui démontrent, études scientifiques à l'appui, le comportement frauduleux de Merck. On s'en expliquera tous, j'espère, devant le tribunal correctionnel et j'espère dans pas trop longtemps. Mais nous avons avancé grâce à cette mise en examen.

Comment ont réagi vos clients à l'annonce de cette mise en examen du laboratoire ?

Pour eux, c'est une satisfaction parce qu'ils ont l'impression que le combat qui est mené depuis cinq ans par les associations, par les malades, par des avocats, commence à porter ses fruits. Mais ce n'est qu'un début, puisqu'il reste encore tout le débat contradictoire qui nous attend devant le juge d'instruction avec des expertises et des contre-expertises.

L'enquête a été ouverte aussi pour homicides et blessures involontaires. Il n'est question pour le moment que de mise en examen pour tromperie aggravée. Quel est votre sentiment ?

Je pense que le juge d'instruction a pris la décision qui consiste à être sûr que son dossier ne finira pas comme d'autres dossiers de santé publique en eau de boudin, avec des relaxes à l'audience. La tromperie aggravée, c'est beaucoup plus facile à démontrer puisqu'il suffira de montrer que Merck avait connaissance d'une information qu'ils ont dissimulée. Pour homicide ou pour mise en danger de la vie d'autrui, la preuve est toujours plus compliquée. Ce qui n'empêche que l'affaire continue et que nous allons continuer à nous battre pour que Merck soit poursuivi aussi pour homicide.

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