Accès aux traitements contre le sida : des résultats "vraiment encourageants", mais une baisse "des ressources"
L'instance de l'ONU chargée de la lutte contre le sida se félicite que de plus en plus de malades soient traités, mais regrette une baisse des moyens.
Trois porteurs du sida sur cinq à travers le monde ont désormais accès aux traitements contre cette maladie. "C'est le produit de la solidarité globale", a réagi mercredi 18 juillet sur franceinfo, Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida, l'instance de l'ONU chargée de la lutte contre le sida. "Cette solidarité entre les États, la société civile, le secteur privé, nous a permis, à travers un partage de responsabilités, de mettre 22 millions de personnes sous traitement aujourd'hui. Qui l'aurait cru ?", explique-t-il. "Nous voulons aller vite, nous voulons faire en sorte qu'en 2020, l'objectif de 30 millions de personnes sous traitement soit possible", a-t-il rajouté.
De plus en plus de malades traités
Michel Sidibé cite l'exemple de l'Afrique du Sud, où "à peine 90 personnes", étaient sous traitement en 2001. Elles sont 4,3 millions aujourd'hui. "C'est vraiment encourageant, mais en même temps, ces résultats ne sont pas porteurs, car je constate qu'il y a une certaine complaisance qui s'installe, on est victime de nos résultats", nuance-t-il.
Baisse de moyens de 7 milliards de dollars
Le directeur exécutif de l'Onusida regrette "une réduction des ressources mobilisées". L'instance de l'ONU chargée de la lutte contre le sida connaît un déficit de 7 milliards de dollars par an. "L'année dernière on a eu une baisse de 8%. Si cette baisse continue, on risque de ne pas pouvoir pérenniser ces acquis-là, et on risque malheureusement d'avoir un rebond dans l'épidémie, ce qui serait dommage car on est vraiment capable de la contrôler", insiste Michel Sidibé. Selon lui, si les ressources de l'Onusida baissent de 20%, "44 pays seront incapables de continuer à maintenir les résultats d'aujourd'hui, parce que ces pays sont dépendants à 75% de l'aide extérieure".
Mais l'accès aux traitements n'est pas seulement une question de moyens : "Dans plusieurs parties du monde nous avons des mauvaises lois qui ne permettent pas aux populations de venir vers les services, parce que ces personnes sont discriminées, sont exclues", explique le directeur exécutif de l'Onusida, selon qui 47% des nouvelles infections concernent les usagers de drogues, les travailleuses du sexe et les homosexuels. "Tant qu'on n'aura pas des lois moins punitives qui vont permettre à ces personnes de ne pas se cacher, on aura du mal à aller aussi vite qu'on le voudrait", note Michel Sidibé.
Inquiétude en Europe de l'Est et en Asie centrale
Si le continent africain reste le plus touché par l'épidémie, il est néanmoins "le moins inquiétant" d'après le directeur exécutif de l'Onusida, car il y a "des résultats et un engagement". Il est beaucoup plus préoccupé par la situation de l'Europe de l'Est et de l'Asie centrale, touchées par "l'infection la plus rapide au niveau mondial". "Quand on a la Russie qui est pratiquement le troisième pays avec les nouvelles infections les plus importantes au monde, cela m'inquiète", souligne Michel Sidibé.
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