Asthme : une surconsommation de charcuterie aggraverait les symptômes
Asthme et charcuterie, les meilleurs ennemis? Dans une étude publiée en décembre 2016, des chercheurs de l'Inserm ont démontré que la viande transformée jouerait un rôle néfaste sur les patients asthmatiques. "Une consommation élevée de charcuterie a été associée de façon directe à une aggravation des symptômes de l'asthme, avec un risque accru de 76% pour ceux en mangent le plus", explique à l'AFP Zhen Li, qui a dirigé cette étude.
Zhen Li et ses collègues ont suivi pendant sept ans 971 personnes. Celles-ci ont été interrogées sur leur régime alimentaire, leurs habitudes de vie, et leur historique respiratoire. Un peu plus de 400 (42% des participants) étaient déjà asthmatiques.
Les personnes étudiées ont été classées en trois groupes, définis selon leur consommation de charcuterie : faible (moins d'une portion par semaine), moyenne (une à quatre portions par semaine), forte (plus de quatre portions par semaine).
La proportion de participants de ce dernier groupe qui a vu ses symptômes asthmatiques (difficultés à respirer, essoufflements, oppressions thoraciques) s’aggraver s’élève à 22%. Dans les autres groupes, ce pourcentage est plus bas : 14% pour ceux qui ingurgitent moins d’une portion hebdomadaire, 20% pour ceux qui consomment entre une et quatre portions.
La charcuterie : un danger pour les non-asthmatiques
Pour les personnes ayant une forte consommation de viande transformée, les chercheurs ont évalué le sur-risque de voir les symptômes s’aggraver à 76%, par rapport aux plus faibles consommateurs. Pour parvenir à ce résultat, Zhen Li et ses collègues ont exclu d’autres facteurs, qui pouvaient constituer un biais, comme l’âge, le sexe, l’activité physique, le tabagisme…
Mais l’étude va plus loin : une forte consommation de charcuterie est associée à l'apparition de symptômes asthmatiques chez des personnes officiellement non asthmatiques. "Ces résultats élargissent l'effet délétère de la charcuterie sur la santé", conclut Zhen Li. La chercheuse désire "mettre en place rapidement des messages de santé visant à limiter la consommation de charcuterie".
Les nitrites responsables
Une fois l’observation faite, Zhen Li avance des hypothèses pour expliquer ces résultats. Les nitrites sont une nouvelle fois pointés du doigt. En effet, ils sont utilisés pour faciliter la conservation de la charcuterie tout en lui donnant sa couleur rose. L'additif est soupçonné de jouer un rôle dans l'inflammation des voies respiratoires, et de favoriser certains cancers digestifs.
En octobre, le centre cancer de l'Organisation mondiale de la santé (Circ/Iarc) avait classé la viande transformée, particulièrement la charcuterie, comme possibles agents "cancérogènes pour l'homme", au grand damne de la profession.
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