Comment des laits infantiles visés par un rappel ont pu être vendus chez Leclerc ?
Ce 9 janvier, l’entreprise Leclerc a reconnu avoir vendu dans certains de ses magasins des reliquats de produits Lactalis concernés par le rappel du 21 décembre (voir encadré). Michel-Edouard Leclerc a présenté des excuses publiques sur son blog, reconnaissant qu’il y avait eu "des trous dans la raquette".
La raquette, c’est la procédure rappel de produits, effectuée après le signalement d'une anomalie ou d'un accident, sous la surveillance de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). L'entreprise ayant fabriqué les produits à risque doit mettre en place cette procédure, généralement en informant ses clients en magasins et en communiquant par voie de presse. Les associations de consommateurs relaient également ces informations auprès du grand public. En ce qui concerne l'étranger, la DGCCRF informe ses homologues en passant par une plateforme européenne. En parallèle, ce service mène des contrôles aléatoires pour "vérifier l'effectivité des mesures".
Dans le cas du rappel de Lactalis, la DGCCRF indique à la presse avoir mené une "enquête nationale" pour vérifier que la procédure avait bien été respectée par tous les distributeurs, grandes surfaces et pharmacies, notamment. Toutefois, pour Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir "l'affaire Leclerc n'est que le révélateur de l'insuffisance du dispositif de contrôle".
Les trous de la raquette de M. Leclerc
Michel-Edouard Leclerc affirme que la procédure de rappel a bien été mise en place. Il invoque cependant des difficultés liées à la succession de rappels, qui ont eu lieu autour de la période des fêtes de fin d'année, lorsque les distributeurs connaissent un surplus d'activité. Il mentionne également une opération promotionnelle, décidée trois mois en amont et dont "les stocks seraient arrivés en magasin avec un étiquetage différent". Un audit de E.Leclerc est en cours afin d'identifier les raisons précises. La DGCCRF a également lancé "des investigations" sur le sujet.
Peu convaincues par ces premiers éléments, des associations de défense de consommateurs (Foodwatch, CLCV, UFC-QueChoisir) ont déploré le manque d'information. "Il va falloir qu'on s'explique, y compris sur les raisons données", a déclaré ce 10 janvier à l'AFP Quentin Guillemain, président de l'Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles. Les associations s'interrogent également sur l'absence de publication de listes de lots ayant échappé au rappel chez Leclerc et des magasins Leclerc concernés.
Quelles suites à cette affaire ?
"Il faudra déterminer les responsabilités et ça ce sera fait avec la plus grande je l'espère rapidité et sévérité si les responsabilités sont avérées", a déclaré sur RTL mercredi matin Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, qui a rappelé qu'un numéro vert +33.(0)1.71.53.51.20 avait été ouvert à destination des consommateurs.
L'affaire pourrait avoir des conséquences judiciaires pour E. Leclerc. "Des plaintes seront déposées par des parents contre Leclerc dans les jours qui viennent", assure M. Guillemain.
Dans le cadre d'une procédure de retrait et de rappel de produits, "la responsabilité porte sur chaque maillon de la chaîne, chacun a la responsabilité d'informer ses clients et d'arrêter de commercialiser les produits dangereux", selon la DGCCRF.
D'autres distributeurs sur le qui-vive
A la suite du dysfonctionnement révélé chez E.Leclerc, d'autres distributeurs ont décidé d'effectuer des contrôles par précaution. "L'incident chez Leclerc a attiré notre attention, donc on mène actuellement des investigations (sous forme d'audit interne) pour vérifier que les procédures de rappel ont bien été appliquées dans chacun de nos magasins", a dit à l'AFP Thierry Desouches, le porte-parole de Système-U.
"Parce que si la transmission de l'information est informatisée et robotisée, l'application de ces procédures en magasin fait appel à l'humain. Donc nous vérifions que tout a bien été fait en temps et en heure", a-t-il ajouté.
Carrefour "a été très vigilant" et a en outre "mis en place un plan de contrôle renforcé pour s'assurer de la destruction des stocks des produits concernés dans nos magasins", a dit une porte-parole à l'AFP.
avec AFP
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