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"492 000 entreprises ont déjà obtenu un prêt garanti par l'Etat, pour un total de 84 milliards d'euros", selon Bpifrance

Particulièrement demandeur, le secteur de l'hôtellerie-café-restaurant "a obtenu 8 milliards d'euros de prêt garanti par l'Etat", a indiqué Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, vendredi 5 juin sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, le 5 juin 2020 à Paris. (ELKO HIRSCH / HANS LUCAS)

"A terme, on devrait franchir les 500 000 entreprises, pour 100 milliards d'euros de prêts", a indiqué vendredi 5 juin sur franceinfo Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, la Banque publique d'investissement en France. "492 000 entreprises ont déjà obtenu un prêt garanti par l'Etat, pour un total de 84 milliards d'euros", a-t-il annoncé. Ce sont à 90% des très petites entreprises qui ont emprunté en moyenne entre 70 000 et 150 000 euros. "C'est toute la société française qui est venue chercher son prêt garanti par l'Etat (PGE)", d'après Nicolas Dufourcq. 

franceinfo : Depuis le mois de mars, les entreprises peuvent demander à leurs banques à un prêt garanti par l'Etat. Combien l'ont obtenu ?

Nicolas Dufourcq : Ce matin, 492 000 entreprises pour un total de 84 milliards d'euros. Donc on est sur des sommes considérables. Ça veut dire qu'il y a un cumulé de demandes, y compris celles qui sont toujours à l'instruction dans les agences bancaires françaises, de l'ordre de 100 milliards. Donc on va franchir les 100 milliards, je pense, et on va franchir très nettement les 500 000 entreprises.

Vous avez 90% de toutes petites entreprises qui sont allées chercher des PGE de 70 000, 100 000 ou 150 000 euros. Ça prouve que le tissu des agences bancaires a fonctionné à plein.

Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance

sur franceinfo

Il faut vraiment leur rendre hommage. Vous avez 17 000 entreprises qui, pratiquement, n'ont fait plus que ça depuis deux mois et demi. C'est-à-dire du PGE et des reports d'échéances et très fortement pour des petites entreprises. Donc il n'y a pas de prééminence par secteur. C'est juste toute la société française qui est venue chercher son prêt garanti par l'Etat. Vous avez des secteurs qui sont ceux qui ont naturellement le plus souffert, c'est-à-dire en particulier le tourisme, la restauration, l'hôtellerie. Le secteur hôtellerie-café-restaurant a obtenu pour 8 milliards d'euros de PGE. Et on sera à 10 milliards fin juin pour les hôtels-cafés-restaurants.

Est-ce que vous allez renforcer les aides pour ce secteur en particulier ?

Oui, le Premier ministre a annoncé un plan tourisme tout de même très ambitieux, c'était il y a une dizaine de jours. Il y a d'une part, le fait que les banques françaises se sont engagées à reporter de six mois de plus, ce qui fait un total de 12 mois, les échéances bancaires, de paiement d'intérêts et de remboursement d'emprunt. Ensuite, il y a des dispositions assez favorables de chômage partiel qui ont été maintenues pour cette profession-là.

S'agissant de Bpifrance, on lance un prêt tourisme avec une très grosse enveloppe d'un milliard d'euros.

Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance

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C'est un prix intéressant parce que pour les entrepreneurs qui sont dévorés par des considérations de court terme, on leur propose de leur prêter de l'argent à 12 ans, donc avec un horizon extrêmement long et un taux d'intérêt faible. Et surtout, on ne prend aucune garantie sur leur patrimoine et donc ils ont la possibilité à la fois de s'ajuster sur les moments très compliqués de la reprise d'activité avec les protocoles sanitaires, tout en continuant de penser à l'avenir et à investir. Par ailleurs, on va faire énormément de missions d'accompagnement, de conseil, en porte à porte de masse. On va faire 1 500 missions de conseil auprès des entrepreneurs du tourisme.

Il y a d'autres secteurs qui attendent des plans massifs, comme celui de l'aéronautique ?

On va attendre les annonces du gouvernement prévues pour mardi 9 juin. La boîte à outils est à peu près toujours la même, c'est-à-dire que vous avez du financement et de l'accompagnement. Et le financement, c'est bien sûr du prêt et puis des fonds propres. On avait annoncé un gros plan automobile la semaine dernière et aujourd'hui, on a fait deux annonces importantes, une sur la "french tech", avec un fonds de 500 millions d'euros, notamment pour les entreprises très souveraines dont on ne veut pas qu'elles soient captées. Et puis, d'autre part, cet après-midi un plan d'accélération des investissements de transition énergétique pour les PME françaises avec la ministre Elisabeth Borne.

Certaines entreprises ne parviennent pas à obtenir de prêts, on pense notamment à l'un des grands dossiers du moment : les magasins Conforama.

Il y a des grandes entreprises effectivement qui n'arrivent pas à négocier leur PGE. Vous avez des petites entreprises aussi qui ont été refusées parce qu'elles étaient déjà trop en difficulté. Les grandes, elles, sont traitées dans le cadre de négociations interbancaires, au niveau des services du ministre Bruno Le Maire. Les services en ce moment essayent de trouver des accords entre les principales banques créancières de Conforama, qui est une situation que je ne connais pas directement. 

Les petits, en revanche, on va dire les refusés du PGE, qui représentent à peu près 5% des demandes, il y a des dispositifs auxquels il faut absolument qu'ils pensent.

Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance

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Il y a d'une part des prêts qui sont accordés par Bpifrance, financés par les régions françaises qu'on appelle les "prêts rebond", des prêts à taux zéro auxquels il faut penser, et également à des fonds qui sont mis en œuvre par toutes les régions qui s'appellent les "fonds résistance". Ils attribuent des petits prêts de 15 000, 20 000 ou 30 000 euros. Et puis, vous allez avoir à partir de la semaine prochaine une enveloppe d'un milliard d'euros qui sera déployée par les services de l'Etat en région et orchestrée par Bpifrance, qui permettra de faire des petits prêts participatifs para-bancaires, pour tous ceux qui seraient dans la difficulté, notamment parce qu'ils n'ont pas eu de prêt garanti par l'Etat.

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