Covid en Chine: "L'épidémie flambe, le nombre de cas double tous les jours", selon Antoine Flahault
"L'épidémie flambe, le nombre de cas double tous les jours. On est incapables de les compter. Il est clair que cela va favoriser l'émergence de variants", déplore mardi 20 décembre sur franceinfo Antoine Flahault, épidémiologiste, directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'université de Genève. Les raisons de ces nouvelles contaminations ? "La population âgée" qui "est mal vaccinée", selon l'épidémiologiste. La Chine vient tout juste de commencer à alléger sa stricte politique de confinement et de dépistage "zéro Covid" après des protestations virulentes de la population.
franceinfo : Vous écrivez sur Slate : "En Chine, la sortie du zéro Covid fait craindre une hécatombe". Pourquoi ?
Antoine Flahault : La sortie du zéro Covid avait été très bien négociée l'année dernière par certains pays comme la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou le Japon, au moment de l'arrivée d'Omicron. Hong Kong a beaucoup moins bien négocié ce virage : ils ont eu une hécatombe avec des taux de mortalité qui avoisinaient ceux de Wuhan, avant même qu'un vaccin n'existe. Hong Kong avait de très grands atouts pour affronter cette vague et ils ont une hécatombe. Pourquoi ? Parce que leur population de personnes âgées est mal vaccinée. Ils ont des vaccins chinois qui ne sont efficaces que lorsqu'il y a trois doses et trop peu de gens ont leurs trois doses et sont donc à très haut risque de formes graves, y compris avec Omicron. Ce que l'on redoute en Chine, c'est la transposition du modèle de Hong Kong car la population âgée est très mal vaccinée en Chine et risque de faire ces formes graves et d'en mourir.
Même si Pékin semble vouloir inciter la population la plus vieille à se faire vacciner, c'est trop tard ?
Ce n'est pas trop tard, mais ils auraient pu le faire depuis un an. On aurait pu imaginer une sorte de contrat social avec la population. 'On continue le zéro Covid mais on demande aux personnes âgées de se vacciner'. Il n'y a pas eu ce discours-là. Cette partie du discours n'est arrivée que très récemment. Ça ne va pas être simple. Les personnes âgées sont très réticences à la vaccination. Les médecins eux-mêmes ne veulent pas vacciner les personnes âgées ayant peur de leur donner des effets indésirables qui pourraient les fragiliser. C'est le contraire du discours que nous avons en Europe, c'est le contraire de ce que la science nous dit.
Et qui dit plus grande circulation du virus, dit potentielle apparition de nouveaux variants, c'est une inquiétude ?
Les nouveaux variants arrivent lorsque le virus se réplique chez l'homme. Là, il y a 1 milliard 400 millions de personnes qui n'ont jamais connu, ou presque, le contact du virus et qui vont se trouver exposées. L'épidémie flambe aujourd'hui : on dit que le nombre de cas double tous les jours. On est incapables de les compter. Il est clair que cela va favoriser l'émergence de variants. La seule chose qui semble un peu différente, c'est que comme ils n'ont pas la même immunité que la nôtre, ils se retrouvent plutôt dans une situation qui ressemble à celle que nous avons connue en 2020 ou 2021, quand nous n'avions pas, nous non plus, d'immunité contre le virus. Il n'est donc pas certain que les nouveaux variants que la Chine va produire seront à nouveau des Omicron : ça pourrait être une nouvelle lettre de l'alphabet grec, on ne sait ni sa virulence, ni sa transmissibilité mais on sait que de nouveaux variants risquent très fortement d'émerger de Chine.
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