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Au Mexique, les personnels de santé victimes d'agressions

Plusieurs cas d’agressions envers le personnel de santé ont été observés au Mexique ces dernières semaines.

Article rédigé par franceinfo - Emmanuelle Steels. Edité par Frederic Wittner
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Un membre du personnel soignant de l'hôpital général de Mexico, le 4 mai 2020 (PEDRO PARDO / AFP)

Au Mexique, le coronavirus a causé un peu plus de 2 200 morts jusqu’à présent. Le gouvernement prévoit que le pic de contagion devrait être atteint cette semaine, entre le 6 et le 8 mai. Alors que plusieurs foyers épidémiques ont été détectés dans des hôpitaux,  on observe une stigmatisation du personnel soignant, considérés par certains Mexicains comme des agents de propagation du virus.

Une cinquantaine d’agressions ont été recensées officiellement, mais il y a des centaines de témoignages sur les réseaux sociaux. Des infirmiers, infirmières et des médecins racontent avoir été insultés dans la rue, accusés de propager le virus. Et il n’y a pas que des agressions verbales : Luis Gerardo Ramos, un infirmier qui vit à Reynosa, dans le nord du Mexique, a été récemment pris à partie : "Je sors du supermarché, et une femme m’aborde en m’insultant et puis elle m’asperge avec un produit chimique. Je me rends compte que c’est de l’eau de Javel. Finalement elle me lance la bouteille et elle part en courant… Je suis vraiment indigné qu’on nous inflige des choses pareilles, à nous qui faisons partie du personnel de santé". Cet infirmier a porté plainte suite à cette agression.

Inquiétude + ignorance = paranoïa

Ces agressions sont attribuées à l’ignorance, à une forme de paranoïa. Les gens associent le personnel des hôpitaux à un risque de contagion. De nombreux soignants témoignent du rejet manifesté par leurs voisins. C’est le cas de Yoselyn Arroyo, qui est médecin : ses voisins lui ont envoyé des messages intimidants pour l’inciter à quitter son immeuble : "J’ai peur qu’il m’arrive quelque chose. Mais de toute façon, je vais continuer à travailler… Ils peuvent rayer ma voiture tant qu’ils veulent, ils peuvent m’empêcher l’accès au parking comme ils l’ont fait, ou continuer à me dire que je ne peux pas rentrer chez moi, ça ne changera rien au fait que c’est chez moi et que je suis médecin."
 
Beaucoup de travailleurs des hôpitaux se plaignent aussi d’avoir été empêchés de monter dans des bus du transport public. Pour éviter ce type de discrimination, le ministère de la Santé leur a recommandé de ne plus porter leur tenue de travail dans la rue, ce qui est assez habituel au Mexique.

Des mesures pour prévenir ces agressions

Le gouvernement a déployé plus de 4 000 hommes de la Garde nationale aux abords des hôpitaux avec pour mission de protéger les soignants. La presse mexicaine observe que dans d’autres pays, le personnel de santé est applaudi, remercié, loué pour son travail, ce qui est aussi le cas ici, mais avec cette ombre au tableau que sont les agressions.

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