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Augmentation des violences conjugales pendant le confinement : "On n’a pas le droit de sortir mais on peut fuir", explique une infirmière

Depuis le début du confinement, les violences conjugales ont augmenté en France. Patricia Vasseur, infirmière puéricultrice aux urgences médico-judiciaires de l’Hôtel-Dieu à Paris, analyse la situation et rappelle l'importance pour les victimes de pouvoir signaler ces violences.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le confinement mis en place depuis le 17 mars pour lutter contre l'épidémie de coronavirus isole les victimes de violences conjugales. Photo d'illustration. (PIERRE HECKLER / MAXPPP)

Avec le confinement imposé pour limiter la propagation du coronavirus en France, les violences conjugales ont augmenté de 32% en une semaine en zone gendarmerie et de 36% dans la zone traitée par la préfecture de police de Paris, selon les chiffres donnés par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.

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"Un couple qui vit dans la violence conjugale est un huis-clos qui ressemble à une cocotte minute. (…) La soupape, c'est donc de signaler les violences", a expliqué sur franceinfo samedi 28 mars Patricia Vasseur, infirmière puéricultrice aux urgences médico-judiciaires de l’Hôtel-Dieu à Paris. "On n’a pas le droit de sortir mais on peut fuir", a-t-elle encore rappelé.

franceinfo : Quelles sont les conséquences du confinement dans les foyers où il y a de la violence conjugale ?

Patricia Vasseur : Dans le service dans lequel je travaille, nous recevons uniquement les victimes qui ont déclaré les faits et porté plainte. Ce qui nous inquiète énormément, c’est qu’actuellement les victimes sont confinées avec les auteurs des violences : elles ne peuvent pas parler et signaler ces violences. Ces chiffres sont donc vraiment minimes par rapport à la réalité. On parle de signaler les violences dans les pharmacies. C'est pour moi une très bonne idée. Quand c’est une situation de tensions, où la personne est surveillée en permanence mais où la pharmacie est peut-être la seule sortie que la victime peut faire, c'est vraiment une très bonne idée d'avoir mis en place cela. (…) En fait, un couple qui vit dans la violence conjugale est vraiment un huis-clos qui ressemble à une cocotte minute. Nous sommes donc très inquiets, à regarder toutes ces cocottes minutes qui bouillent et il faut vraiment qu'il y ait une soupape. La soupape, c'est donc de signaler les violences.

On peut aussi avoir des situations qui sont encore plus compliquées quand il y a des enfants ?

C'est très compliqué. Il ne faut vraiment pas oublier les enfants quand le conjoint est violent. Dans 40% des cas, le conjoint violent va être violent avec les enfants également. Et quand les enfants ne sont pas victimes de violences directes, ceux qui sont témoins des violences conjugales développent exactement les mêmes symptômes de psycho-traumatismes que les victimes directes. C'est donc quelque chose qui est très traumatisant pour eux. D'où le souci des professionnels et c'est pour ça qu'on est tous mobilisés pour essayer de leur venir en aide, à partir du moment où on a connaissance des faits et où la soupape s’est mise en route.

Plusieurs associations de lutte contre les violences conjugales disent que, malgré le confinement, on peut fuir son domicile si on est en danger. Est-ce votre avis ?

On n'a pas le droit de sortir, mais on peut fuir. Il faut fuir et alerter. Les policiers, les gendarmes, les infirmiers, les associations… tout le monde est là, tout le monde est mobilisé. Il ne faut pas croire qu'avec ce qui se passe, les gens sont occupés ailleurs. Nous sommes là et nous sommes prêts à prendre en charge ces personnes.

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