"C'est incroyable de voir l'aéroport vide comme ça" : les salariés de l'aéroport d'Orly face au confinement
L'aéroport d'Orly est comme figé : plus aucun vol n'est prévu dans cet aéroport du sud de Paris, le deuxième de France. L'épidémie de coronavirus et le confinement ont donné un coup d'arrêt à toutes les activités. Le site a officiellement fermé à minuit, mardi soir.
Une ambiance lunaire plane désormais sur l'aéroport d'Orly, l'un des plus fréquentés d'Europe. Un calme incroyable règne depuis le soir du 31 mars dans ce qui est habituellement une vraie fourmilière. Aucun véhicule de taxi n'est stationné sur la voie où, d’ordinaire, ils sont des dizaines à patienter. Un ou deux bus seulement arrivent, mais sans voyageurs, direction le dépôt.
Le plus frappant, c'est le hall : on entendrait presque les mouches voler. "C'est incroyable de voir l'aéroport vide comme ça, on n'a jamais vu ça, tous les magasins sont fermés, de même que toutes les bornes d'enregistrement... C'est particulier", s'exclame Tawfik, qui s’occupe habituellement des passagers en situation de handicap. Les pistes de l'aéroport sont désormais vides, après le décollage du dernier vol, en direction de Madrid
Ce soir, @ParisAeroport #Orly marque une pause. Notre passion collective reste intacte et toute la communauté aéroportuaire se mobilise déjà pour vous accueillir nombreux, passagers, compagnies, partenaires, collaborateurs, pour la reprise de nos vols. #BientôtRéunis pic.twitter.com/Q2q1aHUCVo
— Groupe ADP (@GroupeADP) March 31, 2020
Comme beaucoup de salariés, mais aussi de riverains, Tawfik est plutôt soulagé que l’aéroport ferme ses liaisons commerciales. Depuis plusieurs jours, l'activité avait déjà clairement diminué, toutes les compagnies ayant baissé leurs rotations. Mais surtout, la plupart des employés de l’aéroport avaient peur de venir travailler. Par définition, un aéroport est un lieu où se croisent de très nombreuses personnes et ici aussi les masques et les gants sont arrivées tard. Or il est parfois difficile d’éviter le contact.
21 voyageurs enregistrés dans le dernier vol
Du côté des voyageurs, c’est bien difficile de croiser du monde. Ce dernier vol au départ de l'aéroport francilien compte à peine... 21 voyageurs enregistrés, pas plus ! Une valise dans chaque main, Jérôme a l’air bien désemparé :
J'ai acheté mon billet il y a cinq mois. Je devais en principe prendre une correspondance ici pour rallier Biarritz, mais entretemps, le vol a été annulé.
Jérôme, un voyageur rencontré à Orlyà franceinfo
"Je n'ai pas encore réussi à trouver une solution de secours, je vais essayer de trouver un moyen de rentrer chez moi...", espère Jérôme, qui erre dans ce hall du terminal 3, à l’ambiance un peu fantomatique. Quelques agents rangent les dernières affaires, réunissent notamment toutes les chaises de bureau, des guichets d’enregistrement, "sinon on va nous les piquer", explique l’un des employés… De même, les chariots à bagages sont attachés par des chaines. Seule une équipe de militaires de l'opération sentinelle poursuit sa patrouille, un peu comme si de rien n’était.
La direction évoque une "veille" et non une "fermeture"
Malgré tous ces signes et ces annonces de fermeture, l’aéroport ne va pas être complètement à l’arrêt ces prochains jours. La direction du site préfère parler officiellement de "veille" et non pas de "fermeture". Il pourrait même y avoir quelques décollages : des vols d’Etat (pour des personnalités politiques), des vols sanitaires également, pour des rapatriements, ou encore des déroutements, si un avion a besoin de se poser d’urgence. De même, certaines activités ne s’arrêtent pas : le poste de contrôle reste ouvert, pour les urgences. Les activités de gardiennage et de surveillance se poursuivent également : il faut continuer de surveiller la piste d’atterrissage tous les jours et s’occuper de la centaine d’avions, parqués ici, qui ont besoin d’être vérifiés régulièrement.
Cette situation est clairement inédite : le seul cas similaire dont les professionnels d'Orly se souviennent remonte à 2010, lorsque le volcan islandais Eyjafjöll avait mis à l’arrêt tous les aéroports européens. Mais à l'époque, l'aéroport n'avait pas fermé, il ne s'agissait que d'une pause, qui avait duré quelques jours. Cette fois, l'arrêt est d'une toute autre ampleur. Orly est comme figé mais n’attend qu’une chose : voir de nouveau le ballet des décollages et des atterrissages.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.