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"Ça permet de les soulager pour qu’ils puissent aller voir leur famille et se reposer un peu" : des médecins de Nouvelle-Aquitaine viennent prêter main forte à leurs collègues du Grand Est

La France va accélérer encore ce lundi les évacuations de malades du coronavirus depuis le Grand Est, région la plus touchée par l'épidémie, où des médecins de Nouvelle-Aquitaine ont décidé d'aller soutenir leurs collègues soignants hospitaliers.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Du personnel médical dans un couloir menant aux chambres des patients atteints de Covid-19 au CHRU de Nancy le 19 mars 2020. Le CHRU de Nancy a activé son Plan Blanc le 15 mars dernier pour mettre en place des mesures d'organisation exceptionnelles. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Alors que des dizaines de patients atteints du Covid-19 ont été transférés tout le week-end des hôpitaux surchargés de l’Est de la France vers des établissements du Sud-Ouest, des médecins font le trajet inverse. Une vingtaine de médecins des hôpitaux de Nouvelle-Aquitaine sont arrivés dimanche 29 mars en Lorraine. Et des dizaines d’autres sont prêts à être mobilisés. C’est un renfort pour soulager leurs collègues très sollicités depuis le début de l’épidémie.

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Dès qu’il est arrivé dimanche soir à Nancy, Khaireddine Bouhoreira s’est rendu au CHU. Cet anesthésiste-réanimateur d’un établissement de Gironde a découvert le service dans lequel il est affecté pour quelques jours. "Je vais travailler au sein d’une unité de soins intensifs en cardiologie qui a été transformée en unité de réanimation pour les malades du Covid. C’est une unité qui peut accueillir 16 patients et il y en a 14 pour l’instant. J’ai déjà une garde programmée mardi et probablement jeudi prochain", explique le docteur Bouhoreira qui exerce en temps normal à la maison de santé Bagatelle, à Bordeaux.

Une réponse à l'appel de l'ARS de Nouvelle-Aquitaine

Comme 18 de ses collègues médecins, infirmiers ou psychologues en renfort cette semaine à Nancy et à Metz, Khaireddine Bouhoreira est volontaire. Il a répondu à un appel de l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine et c’est à ses yeux une mission de solidarité pour épauler les collègues des hôpitaux de l’Est de la France, très sollicités. "Ils enchaînent depuis cinq semaines une garde un jour sur trois. Ça permet de les soulager en leur prenant une ou deux gardes pour qu’ils puissent aller voir leur famille et se reposer un peu", explique le docteur Bouhoreira.

J’étais d’accord pour cette mission, pour faire un renfort sanitaire et surtout pour que nos collègues puissent souffler.

Khaireddine Bouhoreira, anesthésiste-réanimateur à Bordeaux

à franceinfo

Malgré la situation extrêmement tendue dans le Grand Est, Khaireddine Bouhoreira garde la tête froide. "Il n’y a pas d’inquiétudes particulières. On a l’habitude de fonctionner en situation dégradée. J’ai travaillé au SAMU et quand on a des personnes intubées dans un fossé ou une grange, on sait faire face aux situations d’urgence", explique-t-il.

Le plus délicat, c’est qu’on sait que ce virus touche aussi les personnels soignants. Il faut être vigilant.

Dr Khaireddine Bouhoreira

à franceinfo

C’est une mission forcément risquée au vu de la progression rapide de l’épidémie dans l’Est de la France mais "l’ARS nous a donné à notre départ un kit de protection et l’hôpital de Nancy est plutôt bien équipé de ce côté-là", souligne le médecin réanimateur.

Des renforts sur de courtes durées

Une quarantaine d’autres praticiens hospitaliers et des médecins libéraux sont prêts à partir la région de Nouvelle-Aquitaine qu est pour l’instant l’une des moins touchées par l’épidémie. Mais ces renforts sont de toutes façons de courte durée. "On aura besoin de ces personnes-là par la suite. Mais sur un laps de temps de trois ou quatre jours, elles sont tout à fait mobilisables, explique Pierre Thépot, le directeur du Groupe hospitalier Littoral Atlantique, qui regroupe les hôpitaux de la Rochelle et Rochefort.

On sait que la vague chez nous, elle va arriver un petit peu plus tard. L’objectif, c’est aussi d’aller sur le terrain et de ramener de l’expérience de ce qui se passe, c’est positif.

Pierre Thépot, le directeur du Groupe hospitalier Littoral Atlantique

à franceinfo

"De toute façon, il faut aussi sauver des vies", poursuit-il. Après avoir enchaîné ses deux gardes de 24 heures, le docteur Khaireddine Bouhoreira doit rentrer à Bordeaux ce vendredi.

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