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"Cette crise a permis de prendre conscience de l'importance de relocaliser" : quand la mode retisse des liens avec les industries françaises

Après avoir fabriqué des masques en tissu pendant le confinement, la mode française s'est fixé pour objectif de relocaliser sa production.

Article rédigé par Sophie Auvigne - Édité par Adrien Bossard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Dans l'entrepôt de la marque Sugar à Marseille, l'entreprise confectionne des débarders pour les dockers. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

En pleine épidémie de coronavirus, au début du printemps 2020, de nombreuses marques françaises avaient répondu à l'appel des établissements de santé. Leur défi : fabriquer des masques en tissu, pour le personnel soignant.

Louis Vuitton, Balenciaga, Saint-Laurent, Noyoco, Chantal Thomass ou Saint James avaient alors mobilisé leurs couturiers pour s'atteler à la tâche. "La filière textile et la filière habillement ont fait bloc", estime Chantal Malingrey, directrice du salon professionnel "Made in France - Première Vision", qui s'est tenu les 1er et 2 septembre, à Paris.

Les masques, transformateurs d'entreprises

Mais cette aventure menée par Marc Pradal, président de l'Union française mode et habillement, ne tenait qu'à un fil et aurait pu tourner au fiasco. "On a eu de grandes demandes et on a produit jusqu'à 10 millions de masques par jour en France, ce qui est prodigieux, et la demande s'est arrêtée net début juin, explique-t-il. On s'est retrouvé avec des stocks sur les bras. Mais depuis quelques jours, avec l'annonce du port du masque obligatoire dans les entreprises, on a, à nouveau, quelques demandes."  

Ces fameux masques ont transformé l'entreprise solidaire de Mickaël Marasse. Son atelier de confection à Perpignan emploie des femmes de la communauté gitane. "Il y avait un besoin énorme puisqu'on était dans l'impossibilité d'importer des masques, tout le monde connaît l'histoire. On a pris le risque d'embaucher 40 demandeurs d'emploi et on a acheté massivement des machines en bénéficiant de commandes publiques. L'année précédente, on était seulement six salariés. On aurait mis 10 ans à faire tout ça, je pense." 

La flexibilité pour éviter de surproduire

Pendant le confinement, avec les difficultés d'approvisionnement, les professionnels ont eu un déclic. "Cette crise a permis de prendre conscience de l'importance de relocaliser et de maîtriser notre outil industriel", assure Chantal Malingrey. Et ça se vérifie chez Balzac, par exemple. 

On a toujours fait fabriquer en Union européenne, et on essaie de faire toujours plus près. On veut arriver à relocaliser notre production de maillots de bain en France.

Marie-Emmanuelle Demoures, directrice de l'offre chez Balzac

à franceinfo

"On a beaucoup travaillé avec le Portugal parce qu'ils acceptaient de faire des toutes petites quantités, 10, 20 ou 30 pièces, quand on a démarré en 2014, justifie Marie-Emmanuelle Demoures, directrice de l'offre pour l'entreprise. Mais maintenant, en France, on a compris cette nécessité d'être flexible sur les quantités. On réassortit en fonction des ventes et on ne surproduit pas."   

À l'heure actuelle, l'industrie de la mode fait travailler 135 000 personnes en France.

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