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Chroniques du ciel. "Bye bye Jumbo", la fin d'un mythe

Une cérémonie intimiste pour un triste adieu au dernier des Boeing 747 français s'est déroulée sur le tarmac de l'aéroport d'Orly, lundi 15 juin 2020. Un ultime envol pour cet avion qui a démocratisé le transport aérien, un adieu qui sonne le glas d'une incroyable aventure industrielle. 

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le dernier vol vers l'Angleterre, lundi 15 juin 2020, sur le tarmac d'Orly, pour ce dernier Boeing 747 de la compagnie Corsair. En 28 ans, cet avion a transporté 7 millions de passagers.  (FREDERIC BENIADA / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Pour cause de crise sanitaire liée au coronavirus, le dernier Boeing 747 de Corsair n’a pas eu l’hommage qu’il méritait, lundi dernier, 15 juin, sur l’aéroport d’Orly. Seuls, quelques privilégiés avaient été invités pour un adieu très symbolique au Super-Jumbo.

FGTUI, du nom de l’un de ses actionnaires s’est envolé, vers d’autres cieux, vers le petit aéroport de Kemble, dans le sud de l'Angleterre pour y être démantelé. Seuls les quatre moteurs seront récupérés et permettront à Corsair d’étoffer une trésorerie mise à mal par cette crise sans précédent.

Sept millions de passagers transportés en 28 ans

Au cours de sa carrière entamée en 1992, ce 747 400 aura transporté plus de 7 millions de passagers, parcouru plus de 80 millions de kilomètres, soit 200 fois la distance entre la Terre et la Lune. Trop gourmand en carburant, trop gros, la crise a accéléré sa sortie de la flotte de Corsair, comme elle a accéléré la fin de l’exploitation de l’A380 chez Air France. Avec ce départ en retraite du Super-Jumbo, du dernier 747 français, c’est une page des ailes françaises qui se tourne. Le Boeing 747 est étroitement lié à l’histoire de Corsair.

C’est l’avion qui au début des années 90 a démocratisé le transport aérien. Il a permis la libéralisation du ciel français et casser le monopole d’Air France notamment sur les Antilles. Corsair était alors dirigée par l’emblématique et très communicant, Jacques Maillot.

Les 747 ont fait les beaux jours de Corsair

Corsair est l’une des rares compagnies au monde, à avoir possédé tous ses modèles du 747-100 du début, en passant par le 747-SP, sa version raccourcie jusqu’au 400. Hautement densifiés, ils ont transporté, à la grande époque du "charter" jusqu’à 592 passagers, bien plus que l’A380. On y était certes un peu serrés, mais les tarifs vers les destinations "Soleil" étaient attractifs.

Au début des années 2000, Les 747 de Corsair arboraient des livrées exotiques et portaient des noms évocateurs, SEA, SEX and SUN. Un jour, on frôla d’ailleurs l’incident diplomatique lorsque par mégarde, le FGSEX et ses grosses lèvres rouges se posa à Djeddah en Arabie saoudite, lors d’un affrètement.

Corsair a dit adieu à ses 747, comme de nombreuses compagnies aériennes telles Lufthansa ou British Airways. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une petite trentaine encore en exploitation à travers le monde. La fin d’une incroyable aventure industrielle, la fin d’un mythe, qui a permis à Boeing d’asseoir son leadership pendant près de 50 ans,

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