Cinquième vague de Covid-19 et réquisitions de soignants pour Noël : "On prépare psychologiquement les équipes"
Face à la cinquième vague de Covid-19 qui se ressent fortement à l'hôpital, des établissements, comme à Nancy, commencent à pousser les murs des services de réanimation. Et se préparent à rogner sur les vacances des soignants.
Dans les couloirs du service de réanimation du CHU de Nancy, le téléphone du Dr Bérangère Denys sonne sans arrêt depuis plusieurs jours. "C'est moi qui ai le téléphone d'astreinte, je reçois tous les appels pour les potentielles entrées. En l'espace de deux heures, j'ai eu au moins six appels", indique-t-elle.
On compte près de 2 461 malades du Covid-19 sont actuellement en réanimation en France, c’est 35 de plus en 24 heures. La cinquième vague se ressent très fortement à l’hôpital où elle a déjà dépassé la quatrième de cet été. Conséquence directe : un peu partout, on commence à pousser les murs des services de réanimation.
Les douze lits de réanimation sont occupés, pratiquement uniquement par des patients Covid, confirme le chef du service, le Pr Sébastien Gibot. Et dès qu'une place se libère, elle est aussitôt prise : "On est à flux tendu, on sort des patients uniquement pour en récupérer d'autres. Les places sont pré-réservées avant même qu'elles soient libérées."
Une croix sur les vacances de Noël
Il va certainement bientôt falloir ouvrir des lits supplémentaires : face à l'afflux de malades, des renforts de soignants venus d'autres services de l'hôpital sont attendus, mais Samira Bouadjaj, cadre de santé, s’attend aussi à devoir rappeler des personnels du service de réanimation pendant leurs vacances de Noël. Si la plupart des régions ont déclenché le plan blanc, qui permet de réquisitionner des personnels, des médecins et infirmiers risquent fort à cette allure de devoir faire une croix sur leurs vacances de Noël.
"On prévoit de les rappeler à cette période parce qu'on sent qu'à ce moment-là, ça va être une augmentation très significative. On prépare psychologiquement les équipes à cette éventualité", souffle-t-elle, glissant préférer toutefois la méthode douce : le volontariat.
"Ils n'ont vraiment pas envie d'y retourner"
"J'ai déjà commencé à faire mon petit listing des personnels qui seraient volontaires pour revenir sur leurs vacances, avoue la cadre de santé. Je sais qu'ils reviendront, qu'ils prendont sur eux parce que c'est un métier où l'on pense d'abord aux patients." "Mais ils ne viennent pas de gaîeté de coeur, vraiment pas : ils ont de lassitude, de la fatigue, ils n'ont vraiment pas envie d'y retourner", avoue la cadre de santé. Elle-même est d'ailleurs prête à renoncer à ses trois jours de vacances.
Bérangère Denys constate amèrement que 70% des malades dans le service ne sont pas vaccinés. "Cela nous fait forcément plus de boulot", glisse-t-elle.
"Ça fait plus de deux ans qu'on morfle avec ça."
Bérangère Denysà franceinfo
"Mais là effectivement, soupire Bérangère Denys, si l'épidémie s'accélère, qu'on ne peut plus prendre de vacances, qu'on est obligés de doubler les gardes, de travailler plus et qu'on ne sait plus où mettre les patients, ça nous met grandement en difficulté. On ne peut qu'inciter à la vaccination". Malgré tout, s’il faut venir aider à Noël, elle annulera également ses congés.
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