Colonies apprenantes : "On a un peu de mal à comprendre comment les organiser en moins d'un mois"
Selon Olivier Ducelier, membre de l'Union nationale des organisations de séjours éducatifs, linguistiques et formation en langues (Unosel) qui regroupe plusieurs organisateurs de colonies de vacances, il est probable que la majorité d'entre eux n'organise pas de colonie cet été.
"On a un peu de mal à comprendre comment organiser des colonies apprenantes en moins d'un mois", confie Olivier Ducelier, membre de l'Union nationale des organisations de séjours éducatifs, linguistiques et formation en langues (Unosel) qui regroupe plusieurs organisateurs de colonies de vacances. Selon lui, "il est probable qu'une majorité des adhérents [de l'association] n'organiseront pas de colonie cet été, malheureusement et avec beaucoup de regrets".
franceinfo : Allez-vous mettre en place des colonies "apprenantes" dans vos colonies cet été ?
Olivier Ducelier : Non, parce qu'il nous resterait moins d'un mois pour organiser des colonies apprenantes dont aujourd'hui nous n'avons même pas la charte d'organisation. Nous entendons le ministre nous expliquer qu'il va mettre 200 millions d'euros dessus, que ça fera 250 000 départs. On a bien vu qu'un centre de loisirs tweetait qu'ils allaient en faire 40 000. On a un peu de mal à comprendre comment ils vont pouvoir faire dans la mesure où le label n'est pas encore sorti, qu'il est attendu pour la semaine prochaine. Il y a donc là un mystère qui nous étonne un peu.
Allez-vous tout de même pouvoir organiser des colonies de vacances ?
Nous avons des enfants inscrits, bien sûr, mais nous avons aussi un certain nombre d'adhérents qui ont d'ores et déjà annulé leurs organisations de cet été. Et depuis la sortie du protocole sanitaire vendredi, nous travaillons tous avec nos équipes durant le week-end pour voir si nous allons y aller ou si nous allons annuler. Je ne vous cache pas que l'immense majorité est extrêmement pessimiste à l'heure actuelle sur la faisabilité des colonies cet été. L'Unosel est un rassemblement d'adhérents, il appartiendra à chacun des acteurs de prendre sa décision, mais il est probable qu'une majorité des adhérents n'organiseront pas de colonie cet été, malheureusement et avec beaucoup de regrets.
Le protocole sanitaire est-il trop compliqué à appliquer dans les colos ?
Je vais vous prendre deux exemples dans le protocole qui est sorti vendredi. Pour une table dans une salle à manger, on doit avoir un mètre d'écart entre chaque enfant. Quand vous êtes dans un restaurant actuellement, vous avez le droit de manger à 10 personnes les unes à côté des autres, quand on serait en colo, il faudrait un mètre d'écart entre chaque enfant. Pourquoi ? Quelle cohérence y a-t-il là-dedans ? Personnellement, je ne la comprends pas. J'entendais hier sur franceinfo un responsable d'Ehpad imaginer qu'un retour à la normale dans le fonctionnement des Ehpad pourrait avoir lieu en juillet. Dans le protocole prévu, on nous explique que dans les minibus de neuf places, qui permettraient d'aller de la colonie à une activité, on ne pourrait monter dedans qu'avec 4 personnes, encadrant compris. Comment voulez-vous fonctionner dans des circonstances comme celles-ci ? Les lits superposés sont quand même un classique dans nos colos et on ne pourrait pas les utiliser, même si ces lits superposés ont un mètre d'écart entre le lit du haut et le lit du bas. Ce sont des éléments qui ne nous permettent pas d'envisager un accueil serein, ni même de faire des colonies où l'on puisse vraiment vivre en colos. La distanciation sociale et physique depuis le début est une problématique. Elle va complètement à l'encontre de ce qu'est l'esprit d'une colonie de vacances et on a vraiment le sentiment que c'est ce dont ont besoin les enfants et leurs parents.
N'avez-vous pas été consulté au sujet de ces colonies apprenantes ?
Nous avons été au départ des réunions sur ce sujet dans lesquelles nous défendions que les colos apprenantes - qui sont une très bonne idée - ne pouvaient être l'alpha et l'oméga des colonies de vacances de cet été, que la priorité des priorités était d'avoir un protocole sanitaire. Avant de savoir ce qu'on fait à l'intérieur des colos, il était important d'avoir un protocole sanitaire dont nous espérions que, s'il était très tardif - ce qui mettait les organisateurs en défaut d'organisation - cela permettait d'avoir un protocole light (léger), mais le protocole qui va sortir la semaine prochaine ne l'est pas du tout.
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