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Comment le Covid-19 va-t-il influencer les prénoms que les Français donneront à leurs enfants en 2021 ?

Alors que sort "L'Officiel des prénoms 2021", ses autrices ont travaillé sur l'impact de l'épidémie sur les tendances actuelles. 

Article rédigé par franceinfo
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"L'Officiel des prénoms 2020" est sorti le 2 septembre 2020 (photo d'illustration).  (WESTEND 61 / GETTY IMAGES)

Quand le fils du Premier ministre britannique Boris Johnson est né, quelques semaines après l'hospitalisation en soins intensifs de ce dernier en raison du Covid-19, le couple a choisi de lui donner Nicholas comme troisième prénom, en hommage à deux médecins qui lui avaient sauvé la vie.

Pour Claire Tabarly Perrin, coautrice avec Stéphanie Rapoport de L'Officiel des prénoms 2020, paru mercredi 2 septembre, cette anecdote illustre l'impact des événements récents sur les prénoms en vogue. "Prénommer est un acte social, il intervient toujours sous influence contextuelle", rappelle l'autrice. A franceinfo, elle explique comment le coronavirus joue sur les tendances. 

Jade, Eole, Samson… Des prénoms qui rendent hommage à la nature

"Le premier effet [de l'épidémie] est une accélération des tendances observées ces dernières années", commence Claire Tabarly PerrinDes prénoms populaires, tels que Jade, Ambre ou Agathe, pour les fillettes, pourraient avoir le vent en poupe, témoignant, selon l'autrice, de la mode des prénoms évoquant la nature, les éléments et l'environnement. "Il est clair que le confinement s'accompagne pour beaucoup d'un désir de retour à la nature, de campagne, etc. D'autres prénoms vont probablement émerger, comme Avril, Gaïa ou Lila chez les filles. Chez les garçons, Abriel, Eole, Ilan (qui veut dire 'arbre' en hébreu), Anatole (qui signifie 'aube' en grec), Samson (petit soleil' en hébreu)" pourraient éclore.

Pendant cette période difficile, la spécialiste souligne l'émergence de prénoms "porteurs d'espoir, résilients" : "Victor et Victoria, Nour (qui signifie 'lumière' en arabe) ou encore Sandro ('protecteur de l'humanité')."

Si l'ouvrage évoque l'émergence possible de prénoms originaux tels que Syrius, Orion, Summer ou Automne, l'autrice rappelle que ces derniers pourraient ne concerner qu'un faible nombre d'enfants. En effet, "il y a eu une explosion du répertoire" des prénoms à la suite, notamment, de l'assouplissement de la législation en 1993, explique-t-elle. "Dans notre livre, nous étudions 12 000 prénoms, dont 2 000 sont donnés à moins de 30 personnes. Autrefois, avec 1 700 prénoms, on nommait toute la population. Aujourd'hui, on en compte plus de 35 000", relève Claire Tabarly Perrin, pour qui même les prénoms les plus en vogue, comme Emma, ne peuvent rivaliser avec les contingents de Marie d'autrefois. "Il n'y a pas de classes avec trois Emma, alors qu'en 1900, il pouvait y avoir cinq Marie", précise-t-elle. 

Solange, Colette, Alfred… Un raccourcissement du cycle de la mode

Mais les prénoms anciens ou plus traditionnels continueront de séduire. L'autrice pointe par ailleurs "un raccourcissement du cycle de mode du prénom". Une conséquence du désir de rendre hommage à des aînés emportés par la maladie. 

"D'ordinaire, il faut une centaine d'années pour qu'un prénom revienne à la mode. Le Covid-19 a eu un effet terrible sur les plus âgés. On s'attend donc à ce que la tendance passe des prénoms populaires dans les années 1920 à ceux des années 1930 ou 1940 : Simone, Solange, Marthe, Colette pour les prénoms féminins. Et chez les garçons, Armand, Alfred, Ferdinand, etc." 

Covid et Corona ? Des exemples à l'étranger 

Pour identifier les tendances à venir dans l'Hexagone, les autrices de L'Officiel des prénoms ont notamment étudié ce qu'il se passait à l'étranger. "Dans plusieurs pays, nous avons vu des cas de prénoms liés à la pandémie. Aux Philippines et en Inde, il y a eu des Corona, Covid ou encore Lockdown ["confinement" en anglais]." En France, ces prénoms ne risquent pas de s'imposer, estime-t-elle, notamment parce que les officiers de l'état civil peuvent refuser un prénom susceptible de porter préjudice à l'enfant : "Il n'y aura pas de petit 'Cluster', même si certains parents tenteront sans doute."

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