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"Ce n'est pas à la carte" : l'annonce (tardive) de l'école facultative jeudi et vendredi fait bondir parents et enseignants

Suivant l'avis du Conseil scientifique, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé la possibilité de ne pas envoyer les enfants à l'école deux jours avant les vacances de fin d'année.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Des élèves portant le masque, le 1er septembre 2020, dans une école à Bron, dans la métropole de Lyon. (JEFF PACHOUD / AFP)

Un petit supplément de vacances. L'école sera facultative pour les élèves jeudi et vendredi, a annoncé Jean Castex sur Europe 1, mardi 15 décembre. Le Premier ministre suit ainsi l'avis du Conseil scientifique (PDF) afin de limiter les risques de contamination au Covid-19 avant Noël.

Pour tenter de limiter le risque de troisième vague en janvier, le Conseil scientifique a recommandé "l'autoconfinement" pendant une semaine à ceux qui souhaitent passer des fêtes en famille. Il a ajouté qu'il fallait "laisser une tolérance aux familles qui le peuvent et qui le souhaitent" et a proposé "d'élargir de deux jours la période des vacances scolaires afin que l'autoconfinement d'une semaine soit également possible pour les enfants"

"On fait endosser aux parents un rôle qui n'est pas le leur"

L'annonce du chef du gouvernement, inattendue et très tardive, a provoqué immédiatement beaucoup de réactions et de questions de la part des différents acteurs concernés, mais aussi dans le live de franceinfo"Il n'y a aucune obligation, c'est une tolérance pour ceux qui le peuvent et qui le souhaitent, assure à franceinfo le ministère de l'Education nationale. C'est juste une précaution qui est prise, car ce n'est pas tous les week-ends que les enfants s'apprêtent à voir leurs grands-parents." 

La mesure ne satisfait pas Rodrigo Arenas, coprésident de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). "L'école n'est pas à la carte, ce n'est pas aux parents de décider s'il y a un risque ou non. On fait endosser aux parents un rôle qui n'est pas le leur, c'est aux pouvoirs publics de décider des mesures à prendre. La gestion de l'épidémie ne se fait en fonction des fêtes de fin d'année." Même constat du côté des professeurs avec Guislaine David, secrétaire générale du syndicat SNUipp-FSU : "Ce n'est pas parce que ce sont les deux jours avant les vacances que ce ne sont pas deux jours importants pour l'apprentissage."

"L'école deviendrait soudainement un lieu de contamination ?" s'interroge pour sa part Heidi, dans le live de franceinfo. "Le Premier ministre a donc acté le fait qu'il y a des contaminations à l'école", juge Guislaine David. "Je suis atterré, les bras m'en tombent, ajoute Rodrigo Arenas. Cela fait des mois que le ministère explique que les écoles ne sont pas contaminantes, qu'il faut juste faire attention avec papy et mamie."

"Cette annonce est contre-productive, on va nourrir les complotistes qui disent que l'Etat ment."

Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE

à franceinfo

"Les derniers chiffres confirment que l'école n'est pas un lieu de contamination et que toutes les précautions sont prises au sein des établissements", tente de rassurer une nouvelle fois le ministère de l'Education. Selon le dernier bilan daté du 11 décembre, 17 établissements scolaires, sur plus de 61 000, sont toujours fermés, soit 125 classes sur près de 530 000.

Des chiffres qui masquent une partie de la réalité, selon les syndicats. "On dit depuis des semaines qu'on a aussi beaucoup d'élèves asymptomatiques et les épidémiologistes disent que le protocole n'est pas assez strict, qu'il ne permet pas d'assurer la distanciation physique", s'agace Guislaine David. Rodrigo Arenas alerte aussi sur la difficulté de faire respecter les gestes barrières en milieu scolaire : "L'Etat n'a pas du tout investi pour faire en sorte que les gestes barrières soient appliqués en milieu scolaire. Les classes sont surchargées, les masques ne sont pas changés régulièrement et les mains ne sont pas toujours correctement lavées." 

S'il est recommandé aux élèves de se confiner dès jeudi, ce n'est pas une option pour les enseignants. "Les professeurs ne sont pas concernés par cette annonce, indique à franceinfo le ministère de l'Education nationale. Les établissements seront ouverts jeudi et vendredi, et les professeurs doivent donc se rendre à l'école."

Une annonce très tardive parce que "la situation est inédite"

Beaucoup de parents soulignent dans le live de franceinfo le peu de temps laissé par le gouvernement aux familles pour s'organiser, avec une annonce faite le mardi pour le jeudi. "L'Education nationale s'adapte aux recommandations du Conseil scientifique", explique le ministère, qui renvoie la balle vers l'instance chargée de conseiller le gouvernement dans la lutte contre l'épidémie. La "note d'éclairage" du Conseil scientifique a effectivement été publiée lundi 14 décembre. Elle est datée du 12, mais elle a été mise à jour le 14. Contacté par franceinfo pour savoir s'il n'était pas possible d'anticiper cette annonce, le Conseil scientifique n'a pour l'instant pas donné suite.

"Je suis un directeur d'école très en colère ! Nous apprenons encore une fois une règle de fonctionnement de l'école par les médias", s'emporte Quentin dans les commentaires du live de franceinfo. Comme beaucoup d'enseignants, il regrette le manque de communication de son ministère de tutelle. "Les choses évoluent tellement rapidement et avec l'épidémie, la réaction doit être instantanée, se justifie le ministère. Ici, on a eu l'info en arrivant ce matin. Une lettre a été envoyée à 8 heures seulement aux chefs d'établissement et aux recteurs. On sait que ce n'est jamais agréable d'apprendre les choses dans les médias, mais la situation est inédite."   

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