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Confinement : les jeunes en foyer sont "cantonnés à des espaces de vie extrêmement restreints", alerte le directeur d'un foyer des Apprentis d'Auteuil

Les jeunes manquent "de lien social" explique Olivier Duplan qui regrette aussi le manque de matériel informatique pour suivre les cours à distance.

Article rédigé par franceinfo
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L'entrée de l'école Saint-Philippe, gérée par les Apprentis d'Auteuil, le 14 septembre 2017 à Meudon (photo d'illustration). (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Ce deuxième confinement est vécu difficilement par les jeunes accueillis dans les foyers car ils sont "cantonnés à des espaces de vie extrêmement restreints", a expliqué Olivier Duplan, directeur d’un foyer de la Fondation des Apprentis d’Auteuil dans le Maine-et-Loire, invité de franceinfo vendredi 20 novembre. "Ce qui reste aujourd'hui compliqué c'est le lien social", a-t-il ajouté. Pour les lycéens, des problèmes se posent aussi pour suivre les cours à distance. "Ils ont besoin de tablettes ou d'ordinateurs. Mais aujourd'hui, on a un ou deux ordinateurs par structure et c'est très largement insuffisant", a regretté Olivier Duplan.

franceinfo : Quelles sont les difficultés rencontrées par les jeunes dans les foyers pour ce deuxième confinement ?

Olivier Duplan : La difficulté est de deux ordres. La première c'est la peur des jeunes par rapport à la maladie, pas tant pour eux mais pour leurs proches et pour leur famille. Et puis l'absence de lien social. À la différence du premier confinement, les jeunes ont encore le droit, avec des mesures barrières sanitaires renforcées, d'avoir des liens avec leur famille quand ils ont le droit de les voir. Ils peuvent au moins vérifier l'état de santé de leurs proches, et c'est extrêmement important.

Ce qui reste aujourd'hui compliqué c'est le lien social. Et plus ils sont grands, plus ça devient compliqué. Même si l'école a été maintenue, les jeunes sont comme cantonnés à des espaces de vie extrêmement restreints et ne peuvent pas s'ouvrir comme les autres. Nos jeunes sont dans des foyers qui accueillent une douzaine d'autres jeunes. Ils ont besoin de pouvoir souffler à l'extérieur, de pouvoir s'aérer. C'est une grande difficulté que d'être confrontés aux quatre murs de l'institution et de ne pas pouvoir échanger, partager avec leurs amis.

Cette situation donne-t-elle lieu à des tensions ?

Alors il faut qu'on gère des situations de violence, parce que les groupes dans une collectivité comme les nôtres ne sont pas des groupes qui se sont choisis. Ils n'ont pas des parcours de vie très simples. On a beaucoup de jeunes qui ont été victimes de violences intrafamiliales ou de situations traumatiques. C'est vrai que les modes de fonctionnement ne sont pas tout à fait ceux des adolescents habituels. On a mis en place des groupes de parole pour que les jeunes puissent exprimer leurs angoisses, puis exprimer leurs tensions. On le fait habituellement, mais de manière beaucoup plus renforcée durant ce temps du confinement. C'est vrai qu'il y a de la violence verbale et de l'agressivité. Et le temps du Covid vient exacerber ces situations.

Comment se déroulent les cours à distance pour ces jeunes ?

Les établissements de protection de l'enfance sont confrontés à de grosses difficultés. Maintenant ils sont pris en charge à 50% par le lycée. Et on n'est pas équipés en outil informatique de manière suffisante pour permettre aux enfants de suivre leur scolarité dans les meilleures conditions. Dans notre foyer, les jeunes sont tous scolarisés en externat classique, dans des lycées, avec des enseignements généraux. Ils ont besoin de tablettes ou d'ordinateurs, pour suivre leurs études à distance. Mais aujourd'hui, nous on a un ou deux ordinateurs par structure. Et c'est très largement insuffisant pour permettre à 10 ou 12 jeunes de suivre leurs cours normalement et de ne pas être encore plus pénalisés qu'ils ne le sont dans le quotidien.

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