Covid-19 : le reconfinement général est une solution "efficace" pour Yazdan Yazdanpanah du Conseil Scientifique
Selon l'épidémiologiste et membre du Conseil Scientifique, ce second confinement doit être "aménagé", notamment en laissant les écoles ouvertes.
Le confinement généralisé est "l'une des solutions les plus efficaces" selon Yazdan Yazdanpanah, épidémiologiste et membre du Conseil Scientifique, invité de franceinfo mercredi 28 octobre. La perspective d'un nouveau confinement se précise à quelques heures de l'allocution du président Emmanuel Macron, le soir-même à 20h. "Il faut arrêter cette augmentation brutale" selon Yazdan Yazdanpanah, qui explique que "plus on va faire baisser le nombre de cas, plus la probabilité d'avoir une récidive après sera faible".
Est-ce que le confinement général est la seule solution à l’heure actuelle ?
Yazdan Yazdanpanah. Je ne pense pas que c'est la seule solution, mais il faut probablement donner un coup de frein assez important pour arrêter l'épidémie et pour essayer de faire baisser les chiffres rapidement. On a d'autres moyens, qui seraient plus lents et qui pourraient être même économiquement moins biens parce qu'il y aurait moins de choses fermées, mais sur une plus longue durée. Donc, si on veut baisser rapidement le nombre de malades de manière très brutale, c'est ce qu'il y a de mieux. Même si, à mon avis, il ne faut pas aller vers un confinement comme on l'a connu aux mois de mars et avril, il faut que ça soit plus aménagé. Mais effectivement, c'est une des solutions les plus efficaces.
Est-ce que l’on peut dire que c’est un échec d’en arriver à cette situation ?
Il ne faut pas oublier qu'on est devant une épidémie, et que ça se passe partout pareil. Si vous regardez les courbes en Europe depuis le début du mois d'octobre, dans quasiment tous les pays européens, partout ça monte. La différence par rapport à la première vague c’est que c’est beaucoup plus diffus, en France comme en Europe. Ce qui nous fait dire que c'est probablement lié à une baisse généralisée des températures du début octobre. Le Conseil scientifique avait prévu cette augmentation au mois de juillet. Mais c’est vrai qu’elle est peut-être plus importante que ce qu’on avait pensé. Malgré tout, je pense qu’il est important de dire qu'il y a des éléments qui sont inconnus. On ne peut pas lutter contre tous les éléments. On aurait pu certainement être mieux préparé. Mais je pense que c’est un moment où il faut que tout le monde soit uni pour faire face à cette épidémie. Déjà, il faut arrêter cette augmentation brutale par les mesures qui vont être mises en place. Et ensuite, il faut aussi avoir une réflexion à long terme pour la suite.
Est-ce qu’un confinement sera suffisamment efficace si on laisse les écoles ouvertes ?
Il ne faut pas qu'on fasse que du sanitaire, même nous on le dit. L'Éducation, c'est un des fondements de notre société. Les enfants sont importants, donc il faut prendre en compte l'ensemble des facteurs. Par exemple on sait que pour les enfants de bas âge, ceux qui ont moins de 11 ans, probablement la transmission dans le sens enfant - adulte est moindre. On sait que les enfants font des formes moins graves. Les Irlandais ont fait ça par exemple, ils ont fait un confinement avec l'ouverture d'écoles et donc effectivement, je pense que ça peut être une solution. Il faut quand même continuer à vivre. C'est très important.
À plus long terme, comment pourra-t-on sortir de ce confinement ?
L'objectif, c'est d'essayer de passer de 30, 40, 50 000 cas par jour, qui sont d'ailleurs les cas qu'on voit parce qu'il y en a d'autres qui ne sont pas dépistés, à moins de 5 000. Une fois qu'on a baissé ce chiffre, il faudra essayer encore mieux appliquer le "tester, tracer, isoler" avec les outils qu'on en a aujourd'hui, et les outils qu'on va avoir. Il faut aussi vraiment s'occuper dès l'entrée en confinement, demain ou après-demain, de commencer à préparer l'étape d'après et essayer encore d’améliorer ce dispositif. C’est extrêmement important pour ne pas avoir une nouvelle remontée des cas. Par ailleurs, plus on va faire baisser le nombre de cas, plus la probabilité d'avoir une récidive après sera faible.
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