Coronavirus : à quoi pourrait ressembler le prochain stade de confinement en France ?
Selon les déclarations du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, lundi, l'épidémie de Covid-19 est "très inquiétante" et la situation "se détériore très vite".
"Nous devons tout faire pour que cette épidémie ralentisse." Selon le directeur général de la Santé, qui s'est exprimé, lundi 16 mars sur France Inter, la situation de l'épidémie de Covid-2019 en France "est très inquiétante" et "se détériore très vite". "Le nombre de cas double désormais tous les trois jours", a précisé Jérôme Salomon. Les derniers chiffres de Santé publique France, publiés dimanche soir, font état d'un bilan qui a grimpé à 127 morts et 5 423 cas confirmés, soit 36 morts et plus de 900 cas supplémentaires en 24 heures. Plus de 400 personnes sont hospitalisées dans un état grave.
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Après la fermeture des établissements scolaires, des restaurants et des commerces non essentiels, franceinfo fait le point sur les mesures qui pourraient encore être prises pour endiguer la progression du Covid-19.
De possibles "mesures supplémentaires" face au non-respect des consignes sanitaires ?
Alertant sur le risque de "saturation du système hospitalier français", Jérôme Salomon a demandé aux Français d'appliquer strictement les gestes barrières et de "[rester] chez eux". Mais les appels des autorités à limiter le plus possible les déplacements ne sont pas entendus pas tous. De nombreux Parisiens ont flâné dans les rues ou se sont retrouvés dans les parcs et sur les quais de Seine, dimanche 15 mars, pour profiter du beau temps.
"Distanciation sociale"
— Camille Selosse (@CamSls) March 15, 2020
Marché d'Aligre, 12h15 pic.twitter.com/GMk8slJwVn
Les mesures de « distanciation sociales » pas aussi fortes que les premiers rayons de soleil cet après-midi aux Buttes Chaumont (#Paris 19e). #Coronavirus pic.twitter.com/QVQNG9vlrY
— Dorine Goth (@dorine_goth) March 15, 2020
"On voit bien que malheureusement, au fond, la prise de conscience dans la société française de la difficulté, du danger face auquel nous sommes, (...) n'est pas encore au rendez-vous, a estimé la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, invitée de France Inter lundi. Si nous devions prendre des mesures supplémentaires pour que cela imprime davantage dans le comportement de nos concitoyens, je crois que nous n'hésiterons pas à le faire."
Un confinement total dans certaines régions ou sur tout le territoire ?
Selon une source gouvernementale citée par Le Monde, le gouvernement réfléchit désormais à la possibilité d'"un confinement total, hors courses nécessaires et activités de soignants, sécurité..." La rumeur de cette mesure stricte a enflé, dimanche 15 mars, mais n'a été confirmée par aucune source officielle. Mais à partir de quand, et sous quelles conditions ? Le Journal du dimanche affirme que le gouvernement pourrait annoncer un confinement total en Ile-de-France et dans le Grand Est, deux régions où les hôpitaux sont déjà surchargés. Autres options envisagées par l'exécutif, selon Le Parisien : un confinement généralisé sur l'ensemble du territoire, "avec restrictions de sorties", voire "un couvre-feu chaque soir à 18 heures, qui fait débat en raison de sa complexité juridique". Ces mesures pourraient intervenir dès mardi ou mercredi, selon des sources anonymes citées par le quotidien.
Selon les informations recueilliées par franceinfo, le Conseil de défense va étudier la mise en place de mesures de confinement obligatoires pour tous les Français, lundi midi. Un ministre précise qu'il ne s'agirait pas d'un confinement extrême avec "un déploiement de l'armée", mais d'un nouveau "tour de vis" par rapport aux dernières mesures. Pour l'exécutif, c'est le seul moyen de freiner "une épidémie galopante". Le Conseil de défense va donc entendre les propositions du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, ainsi que celles du secrétariat général du gouvernement. La question du report du second tour des municipales sera également abordée.
Des restrictions similaires à celles en vigueur en Espagne ou en Italie ?
Le gouvernement français pourrait aussi s'inspirer de mesures de confinement restrictives, déjà adoptées dans les pays voisins de l'Hexagone. En Espagne, le Premier ministre, Pedro Sanchez, a annoncé, samedi 14 mars, la mise en quarantaine quasiment totale du pays. "L'interdiction de circuler dans les rues (...) est à suivre obligatoirement à partir d'aujourd'hui", a déclaré Pedro Sanchez lors d'une allocution à la télévision.
Les Espagnols peuvent sortir de chez eux pour aller "travailler", "acheter le pain", "aller à la pharmacie, se faire soigner, s'occuper de proches âgés ou en situation de dépendance". Interdiction en revanche de quitter son domicile pour "aller dîner chez un ami ou prendre un café". L'ensemble des commerces n'étant pas de première nécessité sont par ailleurs fermés dans l'ensemble du pays, comme c'est le cas en France depuis dimanche. Cette mesure drastique rentre dans le cadre de l'état d'alerte décrété pour quinze jours dans le pays.
L'exécutif italien a également étendu les mesures de confinement à tout le pays, lundi 9 mars. Le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, a signé un décret résumé par le mot d'ordre "Je reste chez moi". Les déplacements ne sont autorisés que pour des "impératifs professionnels dûment vérifiés et des situations d'urgence, pour des raisons de santé". S'il reste donc possible d'aller travailler, les entreprises sont invitées à mettre leur personnel en congés. Le décret impose en outre aux Italiens de remplir un formulaire justifiant leurs allées et venues avant de sortir de chez eux, précise LCI.
"Il y a des policiers qui patrouillent en voiture et à pied, ils demandent aux gens ce qu'ils font dehors. Si tu n'as rien pour te justifier, ils te donnent une amende", témoigne une Milanaise interrogée par RTL. En cas de sortie non justifiée, les Italiens s'exposent à une amende de 206 euros et une peine de trois mois d'emprisonnement. Quant aux personnes contaminées, elles sont obligatoirement assignées à résidence. Celles qui présentent des symptômes du virus, sans avoir été testées, sont fortement incitées à éviter tout contact avec l'extérieur.
Les rassemblements dans les lieux publics sont interdits sur l'ensemble du territoire, les événements sportifs ou religieux annulés et les établissements scolaires sont fermés jusqu'au 3 avril. Les magasins pourront ouvrir leurs portes, mais seulement entre 6 et 18 heures, de même que les bars et les restaurants, où les clients doivent respecter une distance d'un mètre. Cette même mesure de précaution est en vigueur dans les lieux de culte, où les cérémonies religieuses sont en revanche interdites, y compris les mariages et les enterrements. Ces mesures sont valables jusqu'au 3 avril inclus.
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