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Coronavirus : aller au travail, voir des proches, faire du sport... Que sera-t-il possible (ou non) de faire pendant la période de confinement ?

Le chef de l'Etat a annoncé, lundi soir, de nouvelles mesures pour tenter d'enrayer la propagation du virus en France. De nouvelles règles de confinement détaillées dans la soirée par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. 

Article rédigé par Valentine Pasquesoone, Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 12min
Les déplacements et les rassemblements seront "réduits au maximum" à partir du 17 mars 2020 à midi en France en raison du coronavirus. (MAXPPP)

"La consigne est simple : restez chez vous." Après l'Italie et l'Espagne, la France entre à son tour dans une période de confinement, face à l'aggravation de l'épidémie de coronavirus Covid-19. Alors que 1 210 cas avérés et 21 morts supplémentaires ont été enregistrés dans le pays en 24 heures, Emmanuel Macron a annoncé, lundi 16 mars, de nouvelles mesures restreignant "au strict nécessaire" les "déplacements et contacts" des Français, et ce pendant au moins quinze jours, dès mardi midi. 

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Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a précisé les modalités de ces nouvelles mesures lundi soir. Déplacements pour le travail, pour des soins, des courses ou pour un motif familial "impérieux", attestation et contrôles, risques d'amendes… Franceinfo vous explique ce que l'on sait, lundi soir, de ces mesures plus strictes de confinement. Des précisions supplémentaires devraient être dévoilées dès mardi. 

Je peux sortir de chez moi… mais avec une attestation 

Le président de la République l'a annoncé peu après 20 heures lundi soir : dès mardi midi, et pour une durée de quinze jours minimum, "seuls doivent demeurer les trajets nécessaires" en France. Pour assurer le bon respect de ces règles, "des points de contrôle fixes comme mobiles, à la fois sur les axes principaux et secondaires", seront mis en place "partout sur le territoire national" dès mardi. Près de 100 000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour cela. 

Toutes les personnes qui circuleront devront être en mesure de justifier leurs déplacements.

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur

lors d'une déclaration

Comment justifier ces déplacements, même à pied ? Via une attestation sur l'honneur, téléchargeable sur le site du ministère de l'Intérieur. Elle pourra également être écrite à la main sur papier libre. Il s'agit, selon Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, d'"expliquer pourquoi on est dehors" : pour faire des courses, se rendre au travail, se soigner ou venir en aide à un proche, par exemple. 

Je peux me rendre au travail… si le télétravail est impossible 

Le télétravail doit devenir la règle en cette période de confinement, mais des exceptions seront permises. "Notre pays ne doit pas s'arrêter totalement", a justifié Christophe Castaner. "Des exceptions pourront être tolérées pour les déplacements entre le domicile et le travail, lorsque ces déplacements sont indispensables pour des activités ne pouvant être interrompues, ni organisées sous forme de télétravail", a détaillé le ministre. 

Dans ce cas, les salariés se rendant sur leur lieu de travail "pourront être amenés" à présenter, lors de contrôles, leur carte professionnelle ou le certificat de leur employeur pour justifier ce déplacement. Ces certificats seront des formulaires téléchargeables, permettant aux employeurs d'expliquer que ces salariés sont "indispensables" et doivent utiliser les transports en commun pour aller travailler. Certaines cartes professionnelles, une carte de presse ou une carte de soignant, par exemple, pourront servir à elles seules d'attestation. 

Dans les entreprises où le télétravail est impossible, "l'employeur doit mettre en place des mesures barrières", telle qu'une distance d'un mètre minimum entre les personnes ou "la mise à disposition de gel hydroalcoolique", a précisé Sibeth Ndiaye. 

Je peux aller faire mes courses… tout en gardant mes distances 

L'achat de nourriture et autres biens "de première nécessité" fait bien entendu partie des déplacements autorisés, à condition d'être justifiés par une attestation.

Une fois dans ces "commerces de proximité autorisés", il vous faudra néanmoins respecter une distance minimum d'un mètre pour ne pas risquer de contaminer d'autres personnes ou de contracter vous-même le virus, a rappelé Emmanuel Macron lundi soir. 

Je peux promener mon chien… mais pas loin de chez moi

Il vous sera toujours possible de sortir votre chien dans votre quartier au cours des quinze prochains jours. Toutefois, "chacun devra le faire dans le respect des gestes barrières, sans se retrouver en groupe", a insisté Christophe Castaner. Pour ce déplacement, la règle est la même : il vous faudra écrire une attestation sur l'honneur expliquant que vous devez sortir promener votre chien. 

Je peux aller voir mes proches… mais surtout pour les aider

Le ministre de l'Intérieur l'a répété et martelé : le plus important est de "rester chez soi". Les visites ou repas avec la famille et les amis, même en petit nombre chez les uns ou les autres, sont proscrits. Certaines exceptions sont toutefois tolérées, bien que vagues, comme les "motifs familiaux impérieux", l'"assistance à personne vulnérable", l'aide à un proche dépendant ou dans le besoin. Pour les parents séparés, il sera évidemment possible d'aller chercher et déposer ses enfants. Dans la mesure du possible, les déplacements doivent être "brefs" et "à proximité du domicile", a précisé le ministre.

Les activités associatives, dîner en famille ou avec ses amis, pique-niquer dans un parc ou un square, c'est interdit.

Christophe Castaner

lors de son discours, lundi soir

Lors de son allocution, Emmanuel Macron a également encouragé les Français à garder des liens entre eux, malgré le confinement. "Cela ne doit pas nous empêcher d'organiser aussi les choses avec nos voisins, d'inventer de nouvelles solidarités entre générations", a-t-il suggéré. "En restant chez vous, occupez-vous des proches, donnez des nouvelles."

Je peux aller me faire soigner… mais surtout si je présente des symptômes graves

Se déplacer pour se faire soigner fait partie des trajets listés comme nécessaires. Sur son site internet, le ministère de l'Intérieur précise qu'il est possible de se déplacer, muni d'une attestation, pour "se rendre auprès d'un professionnel de santé". Aucun justificatif ne sera demandé, précise le ministère de l'Intérieur.

Attention toutefois à qui vous allez voir et comment. Si vous ne présentez pas de symptômes graves, contactez d'abord votre médecin traitant. N'appelez le Samu et n'allez à l'hôpital ou aux urgences qu'en cas de forte fièvre ou de difficulté à respirer, sans quoi les soignants "ne pourront faire face à la vague de cas graves qui déjà se profile dans certaines régions", a rappelé Emmanuel Macron.

Je peux faire du sport… mais pas en groupe

Comment rester confiné chez soi, parfois à plusieurs, sans prendre l'air, se dégourdir ? Emmanuel Macron a assuré que "faire un peu d'activité physique" faisait partie des "trajets nécessaires", à condition de ne pas se retrouver en groupe. Entendez : vous pouvez aller courir (de nombreux parcs risquent toutefois de fermer dans toute la France) mais il faudra garder ses distances avec les autres. Rien ne vous empêche non plus, a priori, de faire quelques exercices seul sur un coin de trottoir, à condition de ne pas y rester trop longtemps…

"On pourra prendre l'air mais certainement pas jouer un match de foot", a résumé Christophe Castaner, rappelant que "se retrouver en groupe pour jouer, c'est interdit".

Je peux faire sortir mes enfants… mais près de chez moi

Plus encore que les adultes, les enfants peuvent trépigner après des jours sans sortir. Sur son site, le ministère de l'Intérieur explique que "les sorties indispensables à l’équilibre des enfants" sont tolérées. Mais, comme toujours, elles ne doivent pas donner lieu à un rassemblement avec quiconque, se faire dans le respect des gestes barrières et se dérouler "à proximité du domicile".

Je peux faire réaliser des travaux chez moi… si c'est une urgence

En cas de pépin, vous ne serez pas privé de douche ou d'électricité pour la durée du confinement. "Les interventions urgentes de plombiers, électriciens, etc. sont autorisées", précise à franceinfo le ministère de l'Intérieur. Ces professionnels "devront présenter une attestation pour se déplacer". Mais cette tolérance ne concerne que les travaux urgents, pas ceux de convenance : vous ferez refaire votre cuisine quand les mesures sanitaires ne seront plus nécessaires.

Je peux rentrer de vacances ou partir à la campagne… mais pas faire des allers-retours

Si ces nouvelles mesures vous ont pris de court, pas de panique. Dans ses questions-réponses sur le confinement, le ministère de l'Intérieur assure que ceux qui se trouvent "en dehors de leur domicile ou de leur résidence" peuvent se déplacer pour y retourner. Les transports continuent d'ailleurs de circuler, bien qu'à une fréquence réduite.

Interrogé par franceinfo, le ministère de l'Intérieur explique même qu'on peut, par exemple, "se rendre dans sa maison de campagne", mais uniquement pour s'y installer durant toute la durée du confinement. Pas, bien sûr, pour un voyage de loisir, "juste deux jours" : "Il faut faire le choix du lieu de confinement et s'y tenir." Ce choix peut être un peu plus tardif que l'entrée en vigueur du confinement, même si ce n'est pas l'idéal : "Si les personnes concernées n'ont pas eu le temps, une tolérance sera accordée", explique-t-on au ministère.

Je peux traverser les frontières… uniquement en cas d'urgence ou pour le travail

"Les déplacements transfrontaliers doivent être réduits, comme les autres, au strict et nécessaire minimum", a averti Christophe Castaner. En accord avec ses homologues européens, les entrées de tous les ressortissants étrangers dans l'espace Schengen seront proscrites. "Cela signifie que seuls les citoyens des Etats membres de l'espace Schengen et de l'Union européenne, ainsi que les ressortissants du Royaume-Uni, qui restent soumis, dans la période de transition actuelle du Brexit, au droit européen, pourront entrer dans notre espace de circulation commun", a-t-il précisé.

Tous les ressortissants de pays tiers qui n'ont pas de raison impérative de se rendre en Europe feront l'objet d'une interdiction d'entrée.

Christophe Castaner

lors de son discours, lundi soir

En revanche, les ressortissants de pays tiers qui disposent d'un permis de séjour européen pourront continuer d'accéder à l'espace européen. Quelques autres exceptions seront aménagées, pour les personnels de santé ressortissants de pays tiers, par exemple.

Concernant les travailleurs transfrontaliers, sur la base de justificatifs de domicile et d'emploi, "vous serez autorisés à continuer de franchir les frontières que vous franchissez quotidiennement si c'est nécessaire", a assuré le ministre. Des contrôles des déplacements transfrontaliers seront mis en place avec les polices aux frontières.

Et si je ne respecte pas ces règles… je risque une amende

Le ministre de l'Intérieur a averti : si toutes ces règles (bien que floues et présentant des exceptions) ne sont pas respectées, vous risquez une amende de 38 euros, qui "pourrait être portée très rapidement à un niveau supérieur qui pourrait être de 135 euros".

"Notre objectif n'est pas de sanctionner mais d'en appeler à la responsabilité de tous (…) Notre objectif n'est pas de sanctionner, mais s'il le faut, nous le ferons", a prévenu le ministre.

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